Kama-iri-cha et arôme de fleur de cerisier

Pour rappel, le thé japonais "kama-iri" est un thé vert produit selon la méthode chinoise, c'est à dire que l'oxydation est stoppée par chauffage direct dans une marmite en métal. Les feuilles sont ensuite malaxées puis chauffée. Ce thé japonais entre dans la catégorie des tamaryoku-cha, ou guri-cha, on parle pour être plus précis de kama-iri-sei tamaryoku-cha 釜炒り製玉緑茶, ou de kama-guri 釜ぐり (par opposition au mushi-sei tamaryoku-cha 蒸し製玉緑茶 ou mushi-guri 蒸しぐり, qui lui est produit par chauffage à la vapeur, et reste très proche du sencha).

Aujourd'hui très rare, on en trouve essentiellement à Kyûshû et à Shikoku.

Jusqu'à présent, mes rencontres avec des thés japonais de type kama-iri 釜炒り茶 ne furent jamais concluantes. Pas vraiment de goût, et surtout un arôme plutôt décevant pour un type de thé dont on dit que l'importance est portée sur le parfum.
Pourtant, peut-être par envie de variation, sur le net, mon attention fut portée sur un kama-iri de Shizuoka (!), relativement cher pour ce type de thé, généralement bon marché. Ce n'est pas le fait qu'il vienne de Shizuoka qui retint mon attention, non, c'est le cultivar avec lequel il est produit:
Fuji-kaori 藤かおり. Il s'agit d'une variété de théier destinée à l'origine au sencha. Sa particularité est une absence d'astringence, et surtout un parfum de fleur de cerisier vraiment étonnant (une odeur qui ressemble à celle des sakura-mochi, une vraie odeur de sakura, rien à voir avec les thés parfumés à l'essence de cherry que l'on trouve malheureusement ça et là). 

Utilisée pour du sencha, on obtient un thé très intéressant car pour le moins inhabituel, tant au niveau, bien sûr, du parfum qu'au niveau du goût, doux mais trop léger. C'est sur ce dernier point que le bat blesse, passée la surprise du parfum, voilà un sencha qui devient vite ennuyeux. 

Mais pour un thé kama-iri, voilà qui semble bien intéressant, aussi me suis-je laissé tenté.

Une première infusion avec un bon 80°C. 4g pour 60cl, pendant 1min30.
Un délicat mais puissant parfum de fleur de sakura se dégage alors, dominant tout un bouquet fleuri plus léger et varié.
Le goût est fidèle aux kama-guri, discret, rappelant certain wulong légers. Néanmoins, ce goût très subtil reste en bouche, rafraichissant, bien plus longuement qu'escompté. Avec ce parfum particulier, voilà un thé japonais très agréable, pas un chef d'œuvre, mais parfait pour changé des sencha dont la saveur vous prend d'assaut les papilles avec force.









La deuxième infusion, pas loin de 90°C, n'offre pas de variation décisive, la saveur semble prendre un tout petit peu d'épaisseur, mais surtout, le parfum reste fort présent. Dans ces conditions, pourquoi ne pas tenter une troisième ? Tentons. Cette fois-ci, finalement la saveur se rétracte logiquement, et avec elle le parfum, qui reste néanmoins satisfaisant. On peut s'en arrêter là.


 Dernière précision pour les japonisants, interloqués qui pourraient penser, "pourquoi ce cultivar s'appelle fuji-kaori, qui signifie "parfum de glycine", alors qu'il s'en dégage un parfum de sakura !?". Simplement parce que cette variété fut développée dans le département de Shizuoka, dans une région appelée Fujieda 藤枝. Le nom se rapporte donc non pas au parfum lui-même, mais au lieu de naissance de cette variété de théier.

Commentaires

  1. 4g pour 60cl ? Sur les photos, on a l'impression que le volume est plus petit.

    ++

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  2. Plus petit ? Tu parles du volume de feuilles ou d'eau ? Pour les feuilles, il y a là peut être en effet un peu moins, en revanche, pour l'eau il y peut être un peu plus. Après infusion, de toute façon une partie de l'eau est absorbée par les feuilles, et il reste donc moins dans la tasse...

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  3. Idem ici, pas de surprise avec un Kama-iri-cha...

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  4. Je suis contente d'avoir trouvé ton blog sur le thé japonais, qui est un thé que j'aimerais bien découvrir mieux. Je crois qu'ici je vais être comblée!!

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  5. Laloula,

    Je suis ravi que tu aie trouvé mon blog, tu fais partie d'une communauté aux membres encore bien restreints (苦笑). J'espère que celui-ci continuera à te combler, et t'aidera dans ta découverte du thé japonais.
    Florent

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  6. Merci, à mon tour, pour ce blog précis et solide, que j'ai découvert avec gratitude il y a quelques semaines (enfin des informations solides sur le thé japonais !) et que je suis depuis avec assiduité. S'il y a peu de commentaires à tes messages, je pense que ce n'est pas le signe d'un manque d'intérêt ; simplement, ce que tu dis est souvent tellement dense, "carré" et pédagogique qu'il n'y a rien à redire. Et il faut le temps de digérer toutes ces informations avant que des questions surgissent...
    Merci encore.

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  7. Okado,
    Merci beaucoup pour tes compliments qui me vont droit au cœur !

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  8. voilà un blog qui se retrouve sur ma page d'acceuil google. Je vais bientôt travailler dans le monde du thé et bien qu'étant une grande amatrice, je suis encore une néophyte. Votre blog est donc une mine d'or d'informations. Je commence à avoir pas mal de livres sur le sujet mais votre bibliographie ouvre encore d'autres perspective ! bref je suis enchantée, merci de m'aider à m'enrichir.

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  9. Encore merci !
    Tous ces messages me donnent du baume au cœur pour continuer dans ma tâche.

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