Kama-iri cha, redecouverte, réévaluation

Voilà quelque temps que je ne me suis pas emparé de ma plume électronique pour m'exprimer sur mon blog. La dernière fois c'était il y a deux semaines, et je dois avouer que le billet d'alors, une conclusion sur le thé nouveau 2010 au Japon, n'était qu'un cache-misère.... pas bien intéressant, rabâchage de choses déjà dites sur cette piètre année.

Est-ce une bonne excuse de dire que j'étais occupé ? Non, c'est une vérité qui vient se superposer à ma flemme ! Occupé .... plutôt tendu en fait. Suite à la parution d'un interview de moi (et sur moi, malheureusement, j'aurai aimé parler plus de thé, mais je pense que j'en ai pas fini avec ça) dans le Shizuoka Shinbun du 1 juin, me voilà contacter par une radio de Shizuoka qui veut m'interviewer, par téléphone, en direct ! Je ne peux refuser, ça fait aussi de la pub pour la boîte..... cela s'est dérouler sans encombre il y a une semaine. Bon, j'étais on ne peut plus tendu, et ai perdu une bonne quantité d'eau par sudation sous les bras pendant les 10 minutes de l'interview. Ensuite, c'est une proposition pour une télé, pas locale, non, non, TBS, l'une des 4 très grosse chaine ! La encore, c'est avec grand plaisir que j'accepte et m'apprête à une nouvelle séance déshydratation. Tournage jeudi à la boutique, puis aujourd'hui à la maison. Pour la partie à la maison en particulier, j'étais vraiment tendu,  et je crains que le résultat ne soit pas à la hauteur de leur attente... Je compte sur leur force de montage !!! Diffusion mercredi prochain.

Ceci étant dit, je voudrais reparler un peu de kama-iri cha. Pour rappel, thé vert dont l'oxydation est stoppée non pas par étuvage, mais par chauffage direct, méthode chinoise. Je l'avais déjà évoqué ici, mais j'en ai longtemps eu une image de thé pas folichon. Pourtant, le kama-iri , que j'avais présenté alors, bien qu'étant une sorte d'ovni pas représentatif, m'avait convaincu qu'il fallait chercher un peu mieux dans la voie du kama-iri cha.

Lorsqu'on parle de kama-iri cha (ou Kama-iri sei tamaryoku cha, ou kama-guri), on pense de suite à Kyûshû, et au département de Saga avec son thé de Ureshino 嬉野茶. Pourtant, aujourd'hui à Saga on ne produit presque pas de kama-iri, mais essentiellement du mushi-sei tamaryoku-cha, c'est à dire un tamaryoku-cha étuvé.
Le thé qui vient nous intéresser aujourd'hui ne vient pas me faire mentir, puisqu'il vient de Kyûshû, mais du département de Miyazaki, village de Morozuka 諸塚. Mais surtout, il vient me confirmer qu'il n'est pas vain de compter aussi sur les kama-iri.

L'ouverture du sachet offre un spectacle qui ravi et la vu et l'odorat.
Vertes comme des aiguilles de pin, malicieusement entortillées, tubulaires, les feuilles sont splendides, elles n'ont pas l'aspect terne des kama-iri de base. Et surtout elles dégagent un parfum puissant, rien à voir avec le léger, délicat parfum des sencha, qui évoque fines fleurs et tendres herbes des pairies. Ce kama-iri dégage un parfum plus masculin, qui nous transporte dans de profondes forêts.

Première infusion, 1 grosse minute, 80°C environ. Bien sûr, en premier lieu, c'est bien le parfum qui, faisant honneur à la réputation des kama-iri cha, attire l'attention. On appelle le parfum de ces thés "kama-ka" 釜香. J'arrive enfin à mettre une image sur la tonalité dominante de cette fragrance : la châtaigne. L'autre tonalité, en arrière plan, plus discrète, m'évoque une odeur, justement, de sapin. On tient avec ce thé 3 infusions, la 2nde 85°C, 10 s, la 3ème 90°C, 30s me semble une bonne combinaison. Au file des infusion, la première tonalité s'efface au profile de la seconde. Aussi, il persiste dans la tasse, après avoir bu le liquide doré, l'appétissant parfum sucré caractéristique de nombreux thés japonais.

Justement, parlons-en de cette liqueur. elle est parfaitement transparente, jaune-verte dorée. Le vert vient s'affirmer sur les infusions suivantes qui gardent cependant une tonalité dorée.

Oui, un bon kama-iri, c'est avant tout un parfum, mais le goût ? On a quelque chose de léger comparé à un sencha. Mais ce thé procure une saveur agréable, où douceur et astringence s'équilibrent fort bien (la troisième infusion est plutôt astringente). Cette liqueur est très facile à boire, très rafraichissante.
Les feuilles ouvertes sont très jolies, extrêmement fines, douces au touché. Pas de grosses feuilles épaisses qui composent les kama-iri de base très bon marchés, qui sont consommés à Kyûshû comme le hôji-cha dans le reste du pays, c'est à dire comme un thé de grosse consommation, presque en remplacement de l'eau.

Je m'en vais donc continuer à creuser dans cette voie du kama-iri cha, mon boom du moment.

Commentaires

  1. Il nous faudra un lien vers la vidéo :-)

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour David,

    Malheureusement, la TV japonaise ne propose pas ses programmes sur le net.... Et en ce qui me concerne, n'ayant pas de DVD recorder, je suis dans l'attente que quelque-un de mon entourage me fasse tourner l'enregistrement.... je serai dans le train pour le travaille au moment de la diffusion, et je vais tenter de regarder l'émission sur mon mobile !

    RépondreSupprimer
  3. Je ne laisse pas régulièrement de message mais je suis toujours impatiente de découvrir ton nouveau billet et j'en profite pour t'encourager. Félicitations pour ces interviews. Les japonais seraient-ils intrigués de voir un français s'intéresser au thé ?

    RépondreSupprimer
  4. Très intéressant ce kama-iri. J'avoue que jusqu'à maintenant, à part le lung ching d'or first flush de chez Mariage, je n'ai jamais bu de thé chinois séduisant. Je fais une session de dégustation à l'école du thé samedi, j'espère élargir mes horizons.
    Pour le lung ching d'or, je lui trouve un goût de noisette assez prononcé et il est très rafraichissant, très agréable. Aucun trouble dans la liqueur aussi, bien zûr...
    En attendant, du kama-iri en France, c'est mission impossible... mais ces raretés sont très intéressante à découvrir à distance, merci flo, et dis nous tes impressions sur l'interview, ça a dû être rigolo !
    Pat

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour,

    J'habite en Alsace et les parents de mon amie japonaise sont venus nous rendre visite la semaine dernière avec un joli cadeau : un coffret de thé provenant de votre boutique avec l'article de presse découpé.
    Nous n'y avons pas encore touché car c'est tellement beau .....
    Bravo pour ce que vous faites, bonne continuation.

    Amitiés de la France,

    Cathy & Marc Muller

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour !
    @Nelly,
    Merci pour tes encouragements ! Aussi, oui, les japonais sont très surpris de voir qu'un français s'intéresse au thé japonais, alors qu'eux même ne si intéressent guère dans l'ensemble ! Depuis le diffusion, je ne compte plus les "je vous ai vu à la TV !", mais l'échange s'arrête là, ils n'achètent pas de thé......Quelques personnes sont tout de même venu acheter du thé après m'avoir vu à la TV!

    @Patlogan,
    Je pense qu'en France il est plus facile de trouver du bon thé chinois que japonais..... Il y a sur Paris semble-t-il quelques boutiques spécialisée intéressante. Aussi, même si le kama-iri japonais est fabriqué selon la méthode chinoise, sa saveur comme son parfum restent très différents des thés verts chinois.

    @Cathy et Marc
    Incroyable comme cette planète est minuscule !
    de quel coffret s'agit-il ? Sont-ils passé à la boutique où je travaille, ou dans un autre Maruyama-en ? Comment se sont-ils procurer l'article, qui paru dans le Shizuoka Shinbun ne doit pas être en vente sur Tôkyô ?

    Un grand merci à TOUS !

    RépondreSupprimer
  7. C'est vrai que trouver du bon sencha en France, c'est une gageure.
    A force de chercher, j'ai trouvé une boutique qui vend de très bon produits, peu variés certes, mais de très bonne qualité, équivalente à ce qu'on trouve au japon (les thés sont conservés dans un emballage bien hermétique).
    Il s'agit de Jugetsudo et le produit que j'ai testé ce soir même est le Karigane (http://www.jugetsudo.fr/product-30.html) que je recommande à tout amateur de bon thé japonais.
    Rien à voir avec les thés qu'on trouve chez les mariages, palais des thés ou autre.
    En plus, sur place, ils font des dégustations.
    Je sais pas si tu connais, flo, c'est Maruyama-Nori qui est à l'origine de cette boutique, mais j'ai demandé, c'est pas le même Maruyama que le tien...
    à+
    Patrice

    RépondreSupprimer
  8. Je confirme pour Jugetsudo : peu de choix mais de très bonne qualité.

    RépondreSupprimer
  9. Oui, Maruyama nori est un vendeur d'algue, qui accessoirement possède à Tsukiji une boutique de Thé. Dans ces conditions il est tout à fait normal qu'il n'y ai pas le choix de boîte dont le thé est l'activité principale. Pour la qualité, je n'ai jamais bu leurs thés mais je pense que pas de problèmes, surtout comparativement à la moyenne de ce que l'on trouve ne France.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés