Shincha, suites du désatre et splendeurs de Kagoshima
J'en ai déjà assez parlé, mais le froid qui continue à saisir le Japon à causé des désastres considérables sur les récoltes, en particulier à Shizuoka (40% de la production nationale) et plus au nord. Une telle ampleur est du jamais vu selon nombre de producteurs émérites. On prévoit donc environ une semaine de retard sur les thés de la plupart des régions productrices du pays, et bien sûr une qualité moyenne bien plus basse que les dernières années. Aujourd'hui ont commencé les transactions sur les premiers thés de Shizuoka, il ne doit cependant pas avoir grand chose. Disons que certains petit producteurs de qualité ont décidé de ne rien retarder, pour tenter de vendre plus cher devant le gros de la production qui n'est pas encore là. C'est le patron qui va s'en taper de sacrées sueurs sur le marché de Shizuoka pour dénicher de bons crus !
Quoi qu'il en soit, les thés hâtifs de Kagoshima, qui ne furent pas touchés par la rudesse du climat, et donc arrivés à l'heure, ont vu leur prix augmenter de 20 à 30 % par rapport à l'an dernier.
On craignait pour Kagoshima une baisse de la qualité dû aux cendres du volcan Sakurajima, mais il n'y eu pas d'influence notable, et la qualité semble au rendez-vous. Ainsi, depuis la semaine dernière, les premiers thés de Kagoshima, issus des récoltes les plus hâtives, c'est à dire celles qui portes sur les bourgeons et feuilles les plus jeunes, tendres, et douces, riches en acides aminés, font leur apparition petit à petit sur les étales.
J'avais déjà évoqué rapidement dans mon précèdent billet le premier sencha de chez Maruyama-en, sur réservation uniquement. Vendredi est arrivé le premier sencha de Kagoshima disponible sur les étales.
Tout deux étant de qualité égale, au même prix de vente, 2100 yens, et étant tout deux des chû-mushi sencha, tendant vers le fukamushi, il me semble intéressant de les comparer.
Il s'agit de deux thés japonais, sencha, issus de variétés hâtives. Le premier (à gauche sur les photos) est un Yutaka-midori, cultivar représentatif de Kagoshima, peu résistant au froid, il n'est exploité quasiment que dans le département méridional (à l'extrême sud de Kyûshû). Cela ne l'empêche pas d'être le deuxième cultivar le plus exploité au Japon, 5 % de la surface cultivée totale, après Yabukita (80 % !).
Mon deuxième, est un Sae-midori (croisement de Yabukita et Asatsuyu), variété qui attire de plus en plus l'attention cs derniers temps de par sa grande qualité et sa douceur. Proche de Yutaka-midori, Sae-midori reste plus facile à cultiver, un eu moins sensible au froid. Tout deux ont pour caractéristique une très belle couleur de liqueur (comme tout les cultivar dont le nom contient "midori").
Mon premier provient de la ville de Minami-kyûshû 南九州, localité de Chiran 知覧, et le deuxième vient également de Minami-kyûshû, mais de la localité de Ei 頴娃.
D'abord, comme toujours, rappelons que mes photos rendent rarement justice aux malheureux thés que je présente, c'est d'autant plus le cas ici où j'ai pris les photos à la boutique, dans un environnement lumineux hostile. D'une manière générale leur aspect extérieur est d'un très haut niveau, beau vert profond, toutes les feuilles possèdent une belle brillance, une uniformité dans la couleur, et sont très lisses.
Étuvées longuement, il est inévitable que des pousses aussi jeunes et tendres finissent en morceaux très fins. Mais les feuilles restés entières sont parfaitement roulées, finement, et bien droites.
Dans le détail, le Yutaka-midori est ici le plus joli, avec un vert plus sombre et un lustre encore plus éclatant.
Voilà pour l'aspect extérieur, deux sencha sans reproche, de très haut niveau, voilà qui est très excitant ! Mais au final, c'est bien leur saveurs qui nous intéresse.
Je les ai préparer exactement de la même manière : 5 petits grammes pour 70 cc d'eau à 70°C environ, pendant 30 secondes.
Deux liqueurs d'un vert éclatant, mais cette fois-ci, fidèle à sa réputation, le Sae-midori se montre plus séduisant.
De type fukamushi, ils ne dégagent qu'un parfum léger, typique de ces cultivar, très vert, légumineux, mais frais, doux et alléchant. Se critère ne saurez servir à titre de comparaison. Disons seulement qu'il s'agit l'un comme l'autre de très bons Kagoshima.
L'un et l'autre sont très fort, douceâtre, comme des velouté luxueux, préparés avec les plus frais et sévèrement sélectionnés des légumes du potager.
La Yutaka-midori, est brut de décoffrage, véritable jus d'acides aminés, il est très sucré, lourd, astringence zéro. Même la deuxième infusion ne laissent place à la moindre astringence !
Sae-midori, au dessus, lui aussi, d'une grande concentration en acides aminés, se démarque par un impact plus grand dû à une délicate astringence qui lui donne une force formidable. De plus, cette légère et luxueuse astringence sait rester discrète même à la deuxième infusion.
Pour moi, sur cette question cruciale de la saveur, le Sae-midori l'emporte, confirmant sa réputation de variété de haut vol. Si le Yutaka-midori peut au départ être plus séduisant par sa douceur sans condition, il me semble néanmoins que le Sae-midori possède plus de profondeur et de charme, et qu'il n'y a aucun risque de s'en lasser.
Tout deux restent d'extraordinaires thés japonais de très grande qualité, qui rassurent sur la saison 2010 en ce qui concerne Kagoshima, qui est, rappelons le, la deuxième région productrice de thé au Japon.
Ne reste plus qu'à espérer que de grands sencha verront aussi le jour dans les semaines à venir en provenance du reste du pays.
Ravi de voir qu'une partie de la production est au rendez-vous de la qualité malgré les premières frayeurs. En espérant également comme tu le soulignes à juste titre qu'il en sera de même pour les Sencha.
RépondreSupprimerrhalala, ça donne envie de voyager !!!
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