Yabukita(s) de Umegashima

Je vais revenir sur deux sencha en vente depuis pas mal de temps, deux sencha qui peuvent sembler assez similaire mais pourtant tout à fait différents.
Il s'agit de deux Yabukita provenant de Umegashima (une des zones des thés dits de Hon.yama, partie nord de Shizuoka, le long du cour supérieur de la rivière Abe). L'un provient plus précisément de Fujishiro, l'autre de Shinden. L'un et l'autre par deux producteurs différents.


A gauche Fujishiro, à droite Shinden

Le Yabukita de Fujishiro est produit par M. Koizumi, aussi présent dans ma sélection avec le sencha "zairai" de Nyûshima. Celui de Shinden est produit par M. Akiyama, que je présente pour la première fois sur Thés du Japon.

J'ai acheté ces deux thés en aracha (thé brut non fini) que j'ai fait raffiner par des personnes différentes, ce qui a bien sûr une influence sur leurs arômes, compte tenu d'une méthode de torréfaction (séchage final) différente. L'un comme l'autre sont ceci-dit peu torréfiés.

Le Fujishiro possède une rondeur particulière, une certaine épaisseur même. On y un trouve un umami bien équilibré relevé par une pointe d'astringence. Ainsi, c'est un sencha à l'attaque assez forte, avec une belle présence, bien représentatif en ce sens de ce cépage robuste qu'est Yabukita.

Du point de vu aromatique, en revanche, il est plutôt étonnant pour du Yabukita. Le parfum est d'abord un peu lacté, avec ensuite des notes assez présentes évoquant une fragrance un peu florale et piquante. C'est à la fois frais et stimulant. Cette sensation de parfumerie est aussi bien présente en bouche et qu'en after, avec l'impression globale ronde et sucrée de ce sencha, étonnant et aromatique.
(si j'ai tardé à présenter ici ce Yabukita assez exceptionnel c'est que j'avais prévu de l'utiliser lors de deux évènements, l'un en France, l'autre ici au Japon, à Shizuoka).

Celui de Shinden est probablement plus classique, on pourrait le comparer avec le Yabukita de Ôkawa-Ôma, mais avec moins de torréfaction (donc intéressante alternative).
Si j'utilise volontiers de l'eau bien chaude pour le Fujishiro, tiédie un peu (pas trop) n'est pas une mauvaise option pour celui.
L'attaque est plus tendre, avec un umami plus concentré, sans être écrasant, loin de là, et sans astringence. Pourtant l'ensemble est plus léger, ou plus fluide plutôt.
Le parfum sucré est plus classique, et on trouve des arômes plus minéraux, avec des notes d'herbes sèches et de fruits à coque.

Fin mélange de sucré et d'umami, l'after, subtil mais sensible, est agréable avec son impression pâtissière.

Cette mise en parallèle de deux Yabukita si différents mais pourtant si proches géographiquement, met en avant, si cela était nécessaire, le potentiel en effet infini de ce cépage poids lourd (70% de la production japonaise de thé). Tout amateur de thé japonais doit comprendre et toujours avoir en tête le caractère essentiel de ce cultivar. Le spectre de ses qualités (à tout point de vu) est extrêmement large et c'est au travers de lui que l'on peut comprendre l'intérêt des autres cultivars. Essayez c'est deux là, puis ceux de Ôkawa-Ôma, de Kawane, mais aussi ceux de Sashima plus à l'est, de Wazuka à l'ouest, et vous vivrez à chaque fois une expérience bien différente.

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