Cultivar Yamanami, kama-iri et sencha

Je vais présenter deux thés du département de Miyazaki faits à partir du cultivar Yamanami. Il s'agit d'un cépage rare enregistré en 1965 et développé au centre de recherche de Miyazaki à partir de graines en provenance du Hubei en Chine. Par ailleurs, un autre cultivar mais pourtant très intéressant fut développé à Shizuoka à partir de graines rapportées du Hubei au même moment, le cultivar à thé noir Karabeni, dont vous trouverez ici un excellent exemple. En revanche, Yamanami est considéré comme un cultivar à kama-iri cha, comme d'autres développés à Miyazaki, Mine-kaori, Takachiko ou encore Unkai. Cependant, Yamanami possède un caractère assez différent, plus vert, frais et stimulant.
Je le propose déjà depuis deux ans sous la forme de kama-iri cha de Gokase ou Takachiho, mais le voir traité en thé vert étuvé (sencha, etc) est encore plus rare, et cela ne peut qu'exciter ma curiosité.

Tout d'abord, le kama-iri cha de Takachiho.
Il me semble posséder de manière un peu plus forte que l'an dernier les caractéristiques aromatiques typiques des kama-iri japonais, avec ce parfum kama-ka évoquant la châtaigne grillée, presque absent de la version 2017. Ici le parfum de feuilles est déjà assez sucré, évoquant un peu le beurre sucré, le caramel.
 L'infusion fait ressortir au nez ces notes de patates douces grillées, mais cet aspect de camphre et de "chlorophylle" typique de ce cultivar Yamanami et qui lui vaut d'être mal-aimé de beaucoup.
 En bouche la liqueur est forte, avec un peu d'amertume mais une profonde sensation sucrée en after et dans la longueur. C'est en effet cet arôme frais de camphre et de "chlorophylle" qui vient de suite à l'esprit.
La deuxième infusion semble accroître encore ces caractéristiques, avec néanmoins un nez plus riche encore, un brin floral aussi, mais surtout très sucré.
 C'est un kama-iri cha qui est peut-être un peu déstabilisant, mais reste un kama-iri typique de Kyûshû, avec des arômes en effet inhabituels, mais aussi riches et puissants comme le montrera une troisième infusion.
Mon intérêt pour ce thé et ce cultivar sont grandis cette année, probablement grâce à la dégustation d'un Yamanami étuvé que je vous propose aussi sur Thés du Japon cette année.

Il s'agit d'un sencha, on pourrait même dire un kabuse-cha car il fut ombré une semaine, qui vient de Koyu à Miyazaki. Il est vrai que l'amertume et l'astringence de ce cépage Yamanami ne va pas encourager à une culture de plein soleil, d'autant plus à Kyûshû où les sencha sont de toute façon majoritairement ombrés. J'ajouterais aussi que ces sept jours d'ombrage n'ont pas donné de parfum de kabuse franchement prononcé. Aussi, il est vrai que cette année avec l'arrivé rapide de la chaleur au printemps, les temps d'ombrage ont eu tendance à être plus longs que d'habitude.
Les feuilles ont là encore un parfum assez sucré auquel la torréfaction n'est pas étrangère.
De prime abord, on retrouve au nez, de manière plus légère, cet sensation de beurre sucré, ici un peu vanillé. 
 La première attaque en bouche contraste avec une saveur d'abord végétale. Mais celle-ci est tout de suite suivie par une impression sucrée. En arrière plan on ressent des notes évoquant haricots et légumes cuits.
Aussi, la sensation "chlorophylle" camphrée est ici beaucoup plus diffuse, présente comme un canevas sur lequel apparaissent les caractéristiques de ce thé, aussi bien au nez qu'en bouche.
L'after est lui très sucré et gourmand. On y trouve toujours, de manière très modéré cependant, une légère amertume.

Là encore, la deuxième infusion semble intensifier les arômes.
C'est un thé vert très aromatique, là encore un peu déstabilisant, typé et unique, mais sur lequel on a l'envie de revenir. C'est enfin un thé à petit prix qui mérite au moins un essaie.

Peu exploité, il me semble que Yamanami pourrait faire l'objet de thés plus hauts de gamme pour donner des sensations plus riches et intéressantes. C'est un cultivar qui donne aussi des choses intéressantes traité en thé noir. C'est un exemple parmi tant d'autres de potentiel peut-être ignoré de ces cultivars anciens, enregistrés alors que seul yabukita commençait à se développer de manière écrasante (bien que justifiée).

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