Gyokuro de Asahina

J'ai présenté la semaine dernière le gyokuro en tant que genre de thé, très typiquement japonais, avec un mode de consommation très particulier qui requière disons une vision différente, mais qui donne au gyokuro tout son charme.
Quant on pense gyokuro, on pense bien sûr à Uji, mais aussi Yame, et malheureusement moins à Okabe. Pourtant, nous avons là les trois grandes régions du gyokuro.



Okabe est une localité de la ville de Fujieda, connue pour son gyokuro de Asahina.
Fujieda se trouve juste à l'ouest de la ville de Shizuoka, nous somme alors au croisement de Hon.yama et de Kawane. Fujieda est aussi connu pour le cultivar de type inzatsu Fuji-kaori, que la ville présente sous le nom de marque "Fujieda-kaori". On trouve essentiellement du sencha à Fujieda, mais le secteur de Okabe, en particulier une zone sur les rives de la rivière Asahina produit presque exclusivement des thés ombrés, kabuse-cha bien sûr, mais aussi et surtout les fameux gyokuro de Asahina.
C'est à la fin du 19ème siècle que l'on commence la production de gyokuro à Okabe, mais ces thés étaient pour l'essentiel envoyés à Uji. C'est à partir de la fin des années 50, quant le thé se développe enfin pour le marché intérieur au Japon, que le thé de Okabe, Asahina gyokuro devient un nom connu et est vendu en tant que tel.
Néanmoins, de nos jours, les vrais gyokuro, en plantation "shizen-shitate" récoltés manuellement, ne sont plus produits que par une petite dizaine de producteurs, ayant tous plus de 65 ans, et malheureusement sans successeur.
C'est la première année que je propose des gyokuro de Asahina, et je dois dire que je suis tombé sous leur charme et sous le charme de cette petite zone de production. En même temps que ma volonté de faire mieux comprendre le gyokuro, je voudrais aussi mettre en lumière Asahina, avant qu'il ne soit trop tard.



Du point de vu des cultivars, on trouve essentiellement du Yabukita, donnant ainsi une typicité à cette régions. On trouve aussi du Oku-midori. Bien sûr, Saemidori, le cultivar qui se développe le plus depuis nombre d'année, pour son fort umami, est aussi introduit à Okabe, mais les risques dues au givre dans cette région pour ce cultivar hâtif freinent son développement. On trouve aussi un peu de cultivars à thé ombré de Uji comme Gokô et Asahi, mais les plantations sont anciennes et ces cultivars ne seront sûrement plus plantés.

Je propose deux gyokuro du même producteur, Maeshima Shin.ya, 70 ans, un Saemidori et un Yabukita.

Le Yabukita possède un parfum sucré, des arômes évoquant des senteurs de viennoiseries. Il y a aussi un aspect végétal frais avec une touche de menthe.



L'umami est très puissant en bouche, avec ici des arômes d'algue nori assez marqués. Malgré la rondeur et la force de l'umami, on a aussi une attaque astringente apportant contraste et relief.  Ainsi, la liqueur a beaucoup de profondeur et de richesse en bouche. Dans la longueur, l'umami et le sucré qui continuent à dominer, avec puissant et persistance.
Sur les infusions successives, des arômes plus fruitées, avec des notes d'amande, de camphre, d'herbes aromatiques se développent peu à peu.
Au nez comme en bouche, se gyokuro cultivar Yabukita de Asahina offre une expérience vraiment riche, qui semble aussi montrer un gyokuro typique de Asahina et simplement sublime.

Avec Saemidori, on a, conformément aux attentes pourrait-on dire, quelque de plus profondément orienté vers l'umami et le sucré. Rien que le parfum des feuilles sèches confère une impression de friandise, de bonbon. Ce parfum sucré se dégage avec plus de force encore dès la verse de l'eau tiède. C'est envoutant.



Cette il n'y a pas d’astringence, et ce gyokuro offre une attaque calme, avec ensuite le développement en bouche d'un umami très plein et fort, accompagné d'arômes sucrés de légumes cuits, de haricots, très différents du végétal frais du Yabukita.
C'est un thé qui nous fait baigné dans des parfums sucrés et des saveurs veloutées et soyeuses en bouche. Néanmoins, l'omniprésente de l'umami ne confère pas de lourdeur,  je ne le ressent pas comme un bouillon, cela reste très sophistiqué.

C'est deux gyokuro sont bien sûr à boire en compléments l'un de l'autre. Avec des parfums différents, ils ont une force olfactive qui me semblent propre à Asahina. Le Yabukita est peut être plus complexe, mais le Saemidori donnera plus de douceur typique des gyokuro. En fait, les caractéristiques de cultivars sont parfaitement mises à profit, l'un et l'autre trouvant un équilibre tout à fait différents.


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