Shizuoka 2014, Fuji Akiyama

Je termine, provisoirement puisqu'il y aura des nouveautés en septembre, sur ma sélection de thés de Shizuoka avec les thés de Fuji de M. Akiyama.

Les habitués de ce blog et de la boutique Thés du Japon connaissent sûrement bien ce producteur, mais je le présente une nouvelle fois brièvement.
Au pied du Mt Fuji, Akiyama-san est un cultivateur passionné, expérimentateur, dont le fait le plus remarquable est de cultiver plus de 40 cultivars différents. Il s'attache à faire ressortir au maximum les arômes caractéristiques de chacun de ces cultivars, au risque d'obtenir des thés très typés qui pour certains ne plairont pas à tout le monde.
Plus d'info sur ce personnage dans un reportage ici et un interview .

Cette année, par rapport aux années précédentes, c'est une sélection un peu "light" que je propose. Non pas que la qualité ne soit pas au rendez-vous, bien au contraire, mais d'une part il n'a pas obtenu assez le quantité de son fabuleux Shôshun, et d'autre part, l'arrivé du Kôshun de Hon.yama par M. Tsukiji m'a fait faire l'impasse sur son Kôshun récolté à la main.
Je voudrais de plus dans l'avenir présenter d'autres de ses thés.

Je vais commencer avec celui qui m'a semblé le plus remarquable cette année, le cultivar Tsuyu-hikari. Je le rappelle, il s'agit d'un croisement entre Asatsuyu et Shizu7132.

Les feuilles sont très parfumées. Nous avons des arômes très prenants et suaves, dominés par des notes sucrées florales, qui rappellent, un peu comme 7132 dans une moindre mesure, la feuille de cerisier du Japon Sakura.
Après une infusion tout à fait classique (pour moi), 4g/70ml, 70°C, 1mn, on tombe tout de suite sous le charme d'un intense parfum, très doux, avec là encore cet aspect "sakura", et une profondeur qui évoque une forêt tropicale humide.
La liqueur est d'un vert intense hérité de Asatsuyu, légèrement trouble. 
En bouche on ressent d'abord, une douceur "umami" nette, mais sans excès, malgré la très forte douceur ressentie dans le parfum. Il y a un très bon équilibre. Cette liqueur est stimulante avec cependant une petite touche tannique qui peu s'effacer en jouant sur l'infusion.
La torréfaction faible laisse des saveurs vertes très agréables à ce sencha venant rappeler de loin les arômes haricot de Asatsuyu.
Une longueur en bouche tout à fait satisfaisante avec un after à la fois floral et fruité.
Si une deuxième infusion laisse apparaître de façon plus nette de l'astringence, l'after ensuite n'en est que plus doux encore.
C'est un sencha riches en saveurs, et la mise en valeur des caractéristiques du cultivar me semble très réussie.

Je vais continuer avec LE Inzatsu 131. Cultivar qui tient la moitié de son sang d'une variété de Assam, Inzatsu 131 est caractérisé par un parfum floral très stimulant, rappelant de petites fleurs blanches type muguet.
Par ailleurs, Inzatsu 131 est le parent de quelques cultivars très en vue comme Sôfû, Kondô-wase, ou encore Fuji-kaori.

Dés le premier contact, pas d'erreur, il s'agit bien d'un Inzatsu 131, dont le producteur a chercher à mettre au maximum en avant les caractéristiques, envoûtantes pour certain, beaucoup moins pour d'autres.
Les feuilles dégagent un parfum puissant de fleurs, piquant tout en ayant en arrière plan une texture sucrée. J'y vois aussi des parfums me rappelant une poire très juteuse.

Avec 4g de feuilles pour 70 ml d'eau à 60°C environ pour un peu plus d'une minute, j'ai obtenu une liqueur étonnement fine et aérienne, avec de la douceur, sans astringence ni tâches tanniques. Avec son parent de Assam, Inzatsu est un cultivar qui peut montrer des débordement de tannins, mais rien sur cette première infusion. Le tout passe parfaitement en gorge. Pourtant il y a beaucoup de force dans les arômes floraux, avec en plus une petite pointe fruitée. En fait, ce sencha s'exprime surtout dans le nez et la gorge.


En augmentant un peu la température, même avec un passage très rapide, la deuxième infusion est bien plus sèche, une bonne amertume se fait ressentir !
Vu la puissance des arômes de ce thé, utiliser moins de feuilles permettrait d'obtenir une meilleure évolution.
Cependant, sur la troisième infusion, la liqueur renoue avec la finesse et l'équilibre, toujours aussi riche en arômes, l'amertume disparaît et douceur et légère astringence se complètent à merveille. 
Comme toujours il faut dire que ce n'est pas un thé à mettre entre toutes les mains, c'est un sencha pour amateur de changement, de découvertes, de sensations. Moi j'adhère.


Enfin, un cultivar que j'aime beaucoup, très floral et stimulant encore, Kôshun.
Avec leur parfum de grosses fleurs jaunes et de foin frais, ces feuilles laissent une impression champêtre et estivale.
J'utilise 5g de feuilles pour 70ml d'eau à 80°C, je laisse infuser 40-45s.
Encore un parfum bien présent et très envoûtant. Le pôle floral domine mais avec une douceur que l'on ne ressentait pas dans les feuilles sèches. Les arômes sont encore une fois très profonds.
En bouche, la liqueur s'exprime fortement par une première attaque franche et incisive. Le déluge d'arômes en bouche est très complexe. Le floral domine d'abord, avant de laisser apparaître des notes champêtres de foin, puis c'est la douceur qui envahi doucement, petit à petit la bouche en un  arrière goût très long.
En gorge on ressent à la fois des notes douces/sucrées et des notes de fraîcheur verte.
Une deuxième infusion laisse maintenant apparaître des arômes beurrés presque pâtissiers que l'on n'aurait pas soupçonné de part le parfum des feuilles. Le floral reste présent, marque de fabrique de Kôshun, le parfum gagnant ainsi en richesse.
La liqueur est alors un peu plus astringente avec une légère amertume. Le tout est très dense, avec un after floral et frais, intense, et une douceur qui apparaît encore petit à petit à retardement.
Comme avec Inzatsu, le tout s’adoucit et se rééquilibre sur une troisième infusion très agréable.

Au delà des questions de goûts et préférences de chacun, les grandes qualités de ces trois thés japonais sont une extraordinaire richesse de saveurs, la profondeur, la densité et de la finesse. Aussi, leur évolution sur plusieurs infusions est remarquable.
Si l'on doit comparer aux thés de montagne de Hon.yama, peut être doit noter comme défaut un corps moindre. Leur conception, et de fait ce que l'on veut y mettre en avant est en fait très différent.

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