Yamakai par Tsukiji Katsumi

Il n'est rien de plus difficile que de parler des très grands sencha. Que dire à leur sujet ? Comment les décrire ? Ils sont souvent très difficiles à saisir, leurs qualités sont difficilement descriptibles, et aux premières dégustations, nombreux sont ceux qui leur préféreront des thés de moindres niveaux bien plus facilement enchanteurs. Très souvent, c'est le retour sur des thés équivalent moins élevés qui permet de comprendre la beauté de ces très grands crus, sans pour autant pouvoir transformer en mots ses impressions.
Après reste les questions de goût et le fait est que la majorité des buveurs de thé japonais préfère probablement des "soupes d'acides aminées" comme il en est produits des quantités astronomiques à Kagoshima, à des grands thés de montagne traditionnels.

J'en viens donc à mon Yamakai, œuvre de Monsieur Tsukiji Katsumi, présent en 2012 sur TdJ avec son Yokosawa, et surtout l'immense Tôbettô (cet article en lien vous donnera une idée de ce producteur sourdoué).
Yamakai est un cultivar relativement ancien, enregistré à la fin des années 60. Légèrement hâtif, il est cueilli 3 jours avant Yabukita. Ses feuilles sont de tailles importantes, plus riches en fibres que Yabukita, elles nécessitent un étuvage un peu plus long. Enregistré comme cultivar à culture non ombrée, riche en umami, on le trouve fréquemment utilisé à Yame (dans le passé à Uji aussi) pour du Gyokuro et Kabuse-cha, même si aujourd'hui on lui préfère de plus en plus Saemidori ou Okumidori.
Ce cultivar à perdu dit-on de sa renommée à cause d'une tendance à un parfum particulier peu apprécié. La force de ce Yamakai de montagne par Tsukiji-san est un parfum doux et frais, fort mais sans lourdeur.
Pour ceux qui les connaissent, dans les grandes lignes, nous avons un parfum assez champêtre, dans des tonalités proches des autres productions de Tsukiji-san, des senteurs qui rappellent aussi un travail avec très peu d'engrais.

La douceur étant un point fort de ce sencha cueilli manuellement, je le prépare avec de l'eau à 60°C, 1min30.


Le parfum est très dense, et est un avant-goût parfait de la liqueur. En bouche, celle-ci prend d’assaut les papilles, le nez, la gorge. Lisse et sans lourdeur, elle se laisse avaler toute seule. Pourtant sa richesse est impressionnante, sa douceur sucrée ne joue pas dans l'acide aminé, non, c'est tout à fait naturel, et s'harmonise bien avec une attaque un peu tanique (qui peut disparaître en chargeant moins en feuilles, ou en infusant un peu moins longtemps).
Pourtant, ces saveurs puissantes ne viennent pas vous prendre par la main. C'est à vous d'aller vers elles et d'apprendre à les appréhender. Au fil des infusions elles évoluent, le végétale et la tourbe du départ tend vers du fruit jaune, très subtilement, avec des notes mentholées. 

La constante, c'est la longueur. Ce continue à vous faire saliver longtemps après dégustation.
Les feuilles bien ouvertes sont plutôt grandes, pourtant leur finesse est étonnante. Tendres sous la dent, les feuilles de ce Yamakai sont un délice !

Cet article ne donne pas beaucoup d'indices pour se faire une image de ce thé, mais au même titre que Tôbettô, et même Yokosawa finalement, c'est un sencha à essayer en mettant de côté ses idées toutes faites du thé japonais. 




Commentaires

  1. Coïncidence, j'ai ouvert hier matin le Tôbettô 2012 auquel tu fais allusion. Ce Tôbettô m'a - après quelques menues déconvenues - totalement réconcilié avec les futsumushi sencha. Si ce Yamakai est du même acabit, je vais peut-être me laisser tenter :)

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  2. Tôbettô est absolument divin.... ce Yamakai ne rivalise pas en finesse (enfin il n'est pas mal non plus), mais il possède une force de caractère formidable.
    Quoi qu'il en soit, j'espère que Tôbettô t'apporte beaucoup de grands moments !

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