World O-Cha festival 2016
Presque trois semaines après la fin de ce grand évènement du thé qui a lieu une fois tous les trois ans à Shizuoka, voilà mon petit "rapport".
Avouons néanmoins que je ne pourrais pas fournir un reportage très complet dans la mesure où cette année, pour la première fois, j'y participais en tant qu'exposant avec Thés du Japon. Seul le premier jour, accompagné d'une amie (chinoise, oui, un français et une chinoise vendant du thé japonais !) pour m'épauler le trois jours suivants, je dois dire que je 'ai guère eu le temps de visiter les autres exposants et multiples conférences.
Pourtant, comparé aux deux dernières éditions, il m'a semblait voir un niveau général bien meilleurs. Bien plus d'exposants proposant des thés de qualité préparés en théière, pas trop d’instantanée, tea bags et autres boissons en bouteilles. Toujours beaucoup (trop?) de thés noirs et semi-oxydés, mais en même temps, sur ce type de thés, le niveau s'est bien amélioré depuis quelques années. Cela ne m’empêche pas d'affirmer que le Japon doit avant toutes choses mettre en avant le thé vert, étuvé en particulier, vraie typicité du pays. Le point noir reste une présence trop faible d'exposants en provenance de zones productrices autres que Shizuoka.
Qu'à cela ne tienne, avec Thés du Japon je proposais 12 thés, dont cinq de Shizuoka certes, mais aussi deux de Uji (le Oku-midori de Dôsenbô et le très raffiné Saemidori de Wazuka), le Kôshun de Asamiya, probablement ma meilleure "perle" cette année (tout a été vendu lors du festival), le Ryôfû de Mimasaka (là encore un thé qui a beaucoup attisé la curiosité des visiteurs), deux thés de Ureshino (kama-iri Benifûki et tamaryokucha Tsuyuhikari) et enfin un kama-iri cha de Gokase (Mine-kaori). Les kama-iri cha, je proposais aussi le Fuji-kaori de Fuji-eda, très peu connus et inhabituels, ont aussi eu beaucoup de succès.
Cela ne se limite pas à cet évènement, mais je remarque qu'il s'agisse de dégustations/ventes ou bien de séminaires, les kama-iri cha trouvent toujours un excellent écho auprès des clients ou visiteurs ici au Japon. En effet, beaucoup ne connaissant pas ces thés pourtant excellents, facile à préparer, et relativement bon marché en général, la dégustation procure une expérience fraîche et séduisante. Il est aussi notable que ce type de thé est assez difficile à trouver, ainsi, pour les amateurs connaissant au moins de nom le kama-iri cha, un évènement y ayant trait est toujours une bonne occasion.
Bref, pour revenir au festival, j'y proposais et recommandais fortement les sencha de Ôma de M. Nakamura, Yabukita et un merveilleux Yamakai. Le samedi, j'ai même eu la très bonne surprise de voir arriver M. Nakamura dans mon stand où, pendant deux ou trois heures, il a préparé lui-même ses deux thés pour nos chanceux visiteurs. Ce fut un excellent moment, une grande surprise car cette initiative de sa part était complètement spontanée.
En ce qui concerne les théières, outre quelques pièces banko-yaki de Shimizu Jun, je proposais une belle selection de Shiraiwa Taisuke et de Itô Gafû. Je voulais une sélection "jeune". Si les œuvres de Taisuke ont beaucoup attiré l'oeil des curieux (étrangers), les japonais ont surtout montré de l'intérêt pour Gafû, ce dernier étant particulièrement apprécié des amateurs de thé et plus encore de thé chinois. Néanmoins, ce festival n'est tout de même pas le lieu idéal pour la vente de ce type d'objet.
En plus des exposants, le festival propose nombre de démonstrations (tradition liés au thé dans divers pays, temoni-cha, etc) et de conférences et séminaires. Il y en avait un que je voulais voir absolument, concernant le sencha "vintage".
Si l'idée de "hine-cha", thé vieilli volontairement est commune et connu à Uji, essentiellement pour le gyokuro et le tencha (matcha) cela ne dépasse que très rarement un stockage d'un à deux ans. Ici, les échantillons de sencha présentés en méthode d'examen, deux thés de Hon.yama et deux de Tenryû, étaient chacun dans leurs vintages de 2002, 2003 et 2004. Simple stockage en sachet sous azote, à 3°C (pas de congélation). Tous Yabukita, pour comparaison simple.
Ce séminaire exposait ainsi le résultat d'une expérience menée volontairement par deux professionnels du thé depuis 2000. Au bout de deux ans, apparaît inévitablement cette odeur caractéristique de thé oxydé, périmé, appelée "hine-shû". Pourtant en laissant encore deux années se passer, cette odeur commence à disparaître, et fini même par disparaître complètement.C'est la une première conclusion choque pour le milieu du thé japonais, alors que cet odeur "hine-shu" a toujours été synonyme de "fin de vie" pour un thé. Mais il y a un autre point important. Pour expérience, l'un des thés (un Hon.yama 2003) a été e parti condition en sachet de 5Kg, et une autre partie en sachet de 50g. C'est là l'autre conclusion : le thé conservé par 5 Kg, lui seul, avait très clairement cette odeur caractéristique d'oxydation, alors que stocké par 50g, le même thé était toujours très bon. C'est donc conditionné en petite quantité que l'on peut obtenir un stockage long et des thés verts japonais étuvés "vintage".
Néanmoins, il me semble qu'il soit réellement plus adapté de parler de "vintage" que de "maturation", en effet, les thés apparaissent certes toujours frais et bons, avec beaucoup d'arômes, mais avec moins de corps, très doux. Bref, il ne faut pas attendre une évolution, un changement radical.
Un des messages que l'on pouvait entendre alors, idée que j'ai trouvé particulièrement intéressante est que dans ces conditions, ces sencha "vintages"; plutôt que de devenir de nouveaux produits pour les marchands de thé, deviennent une nouvelle dimension pour le consommateur. Stockage en petit conditionnement, 3°C, le baque à légume du frigo fait l'affaire (la température en elle même ne semble pas primordiale, à température ambiante le processus est seulement plus rapide, mais le frigo permet de conserver une température constante) : en claire, pourquoi ne pas stocker un grand thé pendant de nombreuses année comme on le ferait avec un grand vin ? Par exemple, un Tôbettô de l'année de son mariage, et on le sort pour fêter les dix ans ?
L'inconnu reste bien sûr avec quels thés cela fonctionnera ou pas ? Il est évidement qu'un thé de qualité, au très bon séchage est une condition indispensable.
Enfin, je regrette que les thés ne soient proposés qu'en mode examen, et pas en théière, avec plusieurs infusions. Je comprends néanmoins que cela aurait été difficile vu le nombre de participant.
Ce furent en tous cas quatre jours denses et riches, un moment de bonheur et de rencontre autour/grâce au thé. Je regrette que cet évènement n'ait lieu qu'une fois tous les trois ans. En fait il n'y a pas d'autre évènement de taille importante autour du thé au Japon, ce qui est assez significatif de la crise qui se passe avec le thé japonais. Il y aura bien l'an prochain, et pour la première fois, à Tokyo un salon du thé, mais qui se tiendra dans le cadre d'un salon "boisson et café" et reservé aux professionnels. Ainsi, il est fort probable que plutôt que du "vrai thé", soient présentés surtout des produits à base de thé, thés en sachet, etc...
Ainsi, avec son format un peu hybride s'adressant autant aux particuliers amateurs de thé qu'aux professionnels, le World Ocha Festival est bien la seule manifestation d'ampleur présentant le thé de manière sérieuse. Donc, à dans trois ans !
Avouons néanmoins que je ne pourrais pas fournir un reportage très complet dans la mesure où cette année, pour la première fois, j'y participais en tant qu'exposant avec Thés du Japon. Seul le premier jour, accompagné d'une amie (chinoise, oui, un français et une chinoise vendant du thé japonais !) pour m'épauler le trois jours suivants, je dois dire que je 'ai guère eu le temps de visiter les autres exposants et multiples conférences.
Pourtant, comparé aux deux dernières éditions, il m'a semblait voir un niveau général bien meilleurs. Bien plus d'exposants proposant des thés de qualité préparés en théière, pas trop d’instantanée, tea bags et autres boissons en bouteilles. Toujours beaucoup (trop?) de thés noirs et semi-oxydés, mais en même temps, sur ce type de thés, le niveau s'est bien amélioré depuis quelques années. Cela ne m’empêche pas d'affirmer que le Japon doit avant toutes choses mettre en avant le thé vert, étuvé en particulier, vraie typicité du pays. Le point noir reste une présence trop faible d'exposants en provenance de zones productrices autres que Shizuoka.
Qu'à cela ne tienne, avec Thés du Japon je proposais 12 thés, dont cinq de Shizuoka certes, mais aussi deux de Uji (le Oku-midori de Dôsenbô et le très raffiné Saemidori de Wazuka), le Kôshun de Asamiya, probablement ma meilleure "perle" cette année (tout a été vendu lors du festival), le Ryôfû de Mimasaka (là encore un thé qui a beaucoup attisé la curiosité des visiteurs), deux thés de Ureshino (kama-iri Benifûki et tamaryokucha Tsuyuhikari) et enfin un kama-iri cha de Gokase (Mine-kaori). Les kama-iri cha, je proposais aussi le Fuji-kaori de Fuji-eda, très peu connus et inhabituels, ont aussi eu beaucoup de succès.
Cela ne se limite pas à cet évènement, mais je remarque qu'il s'agisse de dégustations/ventes ou bien de séminaires, les kama-iri cha trouvent toujours un excellent écho auprès des clients ou visiteurs ici au Japon. En effet, beaucoup ne connaissant pas ces thés pourtant excellents, facile à préparer, et relativement bon marché en général, la dégustation procure une expérience fraîche et séduisante. Il est aussi notable que ce type de thé est assez difficile à trouver, ainsi, pour les amateurs connaissant au moins de nom le kama-iri cha, un évènement y ayant trait est toujours une bonne occasion.
Bref, pour revenir au festival, j'y proposais et recommandais fortement les sencha de Ôma de M. Nakamura, Yabukita et un merveilleux Yamakai. Le samedi, j'ai même eu la très bonne surprise de voir arriver M. Nakamura dans mon stand où, pendant deux ou trois heures, il a préparé lui-même ses deux thés pour nos chanceux visiteurs. Ce fut un excellent moment, une grande surprise car cette initiative de sa part était complètement spontanée.
En ce qui concerne les théières, outre quelques pièces banko-yaki de Shimizu Jun, je proposais une belle selection de Shiraiwa Taisuke et de Itô Gafû. Je voulais une sélection "jeune". Si les œuvres de Taisuke ont beaucoup attiré l'oeil des curieux (étrangers), les japonais ont surtout montré de l'intérêt pour Gafû, ce dernier étant particulièrement apprécié des amateurs de thé et plus encore de thé chinois. Néanmoins, ce festival n'est tout de même pas le lieu idéal pour la vente de ce type d'objet.
En plus des exposants, le festival propose nombre de démonstrations (tradition liés au thé dans divers pays, temoni-cha, etc) et de conférences et séminaires. Il y en avait un que je voulais voir absolument, concernant le sencha "vintage".
Si l'idée de "hine-cha", thé vieilli volontairement est commune et connu à Uji, essentiellement pour le gyokuro et le tencha (matcha) cela ne dépasse que très rarement un stockage d'un à deux ans. Ici, les échantillons de sencha présentés en méthode d'examen, deux thés de Hon.yama et deux de Tenryû, étaient chacun dans leurs vintages de 2002, 2003 et 2004. Simple stockage en sachet sous azote, à 3°C (pas de congélation). Tous Yabukita, pour comparaison simple.
Ce séminaire exposait ainsi le résultat d'une expérience menée volontairement par deux professionnels du thé depuis 2000. Au bout de deux ans, apparaît inévitablement cette odeur caractéristique de thé oxydé, périmé, appelée "hine-shû". Pourtant en laissant encore deux années se passer, cette odeur commence à disparaître, et fini même par disparaître complètement.C'est la une première conclusion choque pour le milieu du thé japonais, alors que cet odeur "hine-shu" a toujours été synonyme de "fin de vie" pour un thé. Mais il y a un autre point important. Pour expérience, l'un des thés (un Hon.yama 2003) a été e parti condition en sachet de 5Kg, et une autre partie en sachet de 50g. C'est là l'autre conclusion : le thé conservé par 5 Kg, lui seul, avait très clairement cette odeur caractéristique d'oxydation, alors que stocké par 50g, le même thé était toujours très bon. C'est donc conditionné en petite quantité que l'on peut obtenir un stockage long et des thés verts japonais étuvés "vintage".
Néanmoins, il me semble qu'il soit réellement plus adapté de parler de "vintage" que de "maturation", en effet, les thés apparaissent certes toujours frais et bons, avec beaucoup d'arômes, mais avec moins de corps, très doux. Bref, il ne faut pas attendre une évolution, un changement radical.
Un des messages que l'on pouvait entendre alors, idée que j'ai trouvé particulièrement intéressante est que dans ces conditions, ces sencha "vintages"; plutôt que de devenir de nouveaux produits pour les marchands de thé, deviennent une nouvelle dimension pour le consommateur. Stockage en petit conditionnement, 3°C, le baque à légume du frigo fait l'affaire (la température en elle même ne semble pas primordiale, à température ambiante le processus est seulement plus rapide, mais le frigo permet de conserver une température constante) : en claire, pourquoi ne pas stocker un grand thé pendant de nombreuses année comme on le ferait avec un grand vin ? Par exemple, un Tôbettô de l'année de son mariage, et on le sort pour fêter les dix ans ?
L'inconnu reste bien sûr avec quels thés cela fonctionnera ou pas ? Il est évidement qu'un thé de qualité, au très bon séchage est une condition indispensable.
Enfin, je regrette que les thés ne soient proposés qu'en mode examen, et pas en théière, avec plusieurs infusions. Je comprends néanmoins que cela aurait été difficile vu le nombre de participant.
Ce furent en tous cas quatre jours denses et riches, un moment de bonheur et de rencontre autour/grâce au thé. Je regrette que cet évènement n'ait lieu qu'une fois tous les trois ans. En fait il n'y a pas d'autre évènement de taille importante autour du thé au Japon, ce qui est assez significatif de la crise qui se passe avec le thé japonais. Il y aura bien l'an prochain, et pour la première fois, à Tokyo un salon du thé, mais qui se tiendra dans le cadre d'un salon "boisson et café" et reservé aux professionnels. Ainsi, il est fort probable que plutôt que du "vrai thé", soient présentés surtout des produits à base de thé, thés en sachet, etc...
Ainsi, avec son format un peu hybride s'adressant autant aux particuliers amateurs de thé qu'aux professionnels, le World Ocha Festival est bien la seule manifestation d'ampleur présentant le thé de manière sérieuse. Donc, à dans trois ans !
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