Le kokeicha: ce n'est pas un type de thé japonais !
J’ouvre cette catégorie suite à une question qui m’a été posée dans l’article sur les de-mono.
Cette question avait pour sujet ce que l’on vend en occident sous le nom de kokeicha 固形茶, et je prie mon compréhensif lecteur de se référer aux commentaires de de-mono pour saisir le contenu de la question.
Mmmmm, prenons les choses dans l'ordre.
Kokeicha 固形茶, signifie "thé solide", pas "thé faconné", qui correspondrait plutôt à saikakô-cha 再加工茶 (le hôji-cha et le matcha peuvent être classifiés dans cette catégorie).
Tout d’abord ce terme désigne d’une manière générale non pas un type de thé, mais une forme de thé, un thé qui prend une forme solide, le plus souvent sorte de brique compacte. Ainsi, le thé puerh chinois, ou encore le goishi-cha fabriqué à Shikoku correspondent à cette appellation. Aussi, le thé apporté de Chine par le moine Eichû à l’empereur Saga durant l’époque de Heian était, suppose-t-on, un kokeicha. On pense que ce thé était le thé appelé heicha 餅茶 et décrit dans le Cha-Kyô 茶経, ouvrage sur le thé écrit en Chine au 8ème siècle par Lu yu (733 ? – 803 ?) (voir dans ce blog Les origines).
Cette forme de thé se retrouve dans toute l’Asie.
Mais l’auteur de cette intéressante question fait référence à un « thé » composé de petits brins bruns et durs, et qui vendu en occident sous le nom de « kokeicha », et présenté comme un type de thé japonais.
Croyez-moi que lorsqu’un professionnel japonais du thé tombe nez à nez avec ce produit lors d’un voyage en Europe, sa stupéfaction est grande ! « Mais, ça, ce n’est pas un thé japonais ! (nihon-cha 日本茶)» diront-ils alors (j'ai des témoignages). En effet, ce type de produit n’est pas vendu au Japon, et, pour ma part, je n’en ai jamais vu que sur des sites français de vente en ligne de thés. Il s’agit de thé vert réduit en poudre mélangé généralement avec de l’acide glutamique (un acide aminé) pour donner une saveur douce, umami. Le mélange et ensuite solidifié. Au Japon, son utilisation est (était, je pense qu’aujourd’hui cela ne se fait presque plus) limité au mélange en infime quantité (2 à 3%) dans des sencha ou des genmai-cha de basse qualité pour leur donné de la douceur (dans ce cas, cet ajout doit être clairement affiché sur l’emballage, pour ne pas être en infraction avec la loi).
Donc pour être clair, le "kokeicha" n'est pas un type de thé japonais, il n'est pas considéré comme un thé, mais seulement comme un additif ! Et pour répondre à la question, il ne peut donc par conséquent pas être considéré comme un de-mono.
Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle cela est vendu en occident de cette manière, en tant que tel... voilà quelque chose qui mériterai quelques recherches.
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Cette question avait pour sujet ce que l’on vend en occident sous le nom de kokeicha 固形茶, et je prie mon compréhensif lecteur de se référer aux commentaires de de-mono pour saisir le contenu de la question.
Mmmmm, prenons les choses dans l'ordre.
Kokeicha 固形茶, signifie "thé solide", pas "thé faconné", qui correspondrait plutôt à saikakô-cha 再加工茶 (le hôji-cha et le matcha peuvent être classifiés dans cette catégorie).
Tout d’abord ce terme désigne d’une manière générale non pas un type de thé, mais une forme de thé, un thé qui prend une forme solide, le plus souvent sorte de brique compacte. Ainsi, le thé puerh chinois, ou encore le goishi-cha fabriqué à Shikoku correspondent à cette appellation. Aussi, le thé apporté de Chine par le moine Eichû à l’empereur Saga durant l’époque de Heian était, suppose-t-on, un kokeicha. On pense que ce thé était le thé appelé heicha 餅茶 et décrit dans le Cha-Kyô 茶経, ouvrage sur le thé écrit en Chine au 8ème siècle par Lu yu (733 ? – 803 ?) (voir dans ce blog Les origines).
Cette forme de thé se retrouve dans toute l’Asie.
Mais l’auteur de cette intéressante question fait référence à un « thé » composé de petits brins bruns et durs, et qui vendu en occident sous le nom de « kokeicha », et présenté comme un type de thé japonais.
Croyez-moi que lorsqu’un professionnel japonais du thé tombe nez à nez avec ce produit lors d’un voyage en Europe, sa stupéfaction est grande ! « Mais, ça, ce n’est pas un thé japonais ! (nihon-cha 日本茶)» diront-ils alors (j'ai des témoignages). En effet, ce type de produit n’est pas vendu au Japon, et, pour ma part, je n’en ai jamais vu que sur des sites français de vente en ligne de thés. Il s’agit de thé vert réduit en poudre mélangé généralement avec de l’acide glutamique (un acide aminé) pour donner une saveur douce, umami. Le mélange et ensuite solidifié. Au Japon, son utilisation est (était, je pense qu’aujourd’hui cela ne se fait presque plus) limité au mélange en infime quantité (2 à 3%) dans des sencha ou des genmai-cha de basse qualité pour leur donné de la douceur (dans ce cas, cet ajout doit être clairement affiché sur l’emballage, pour ne pas être en infraction avec la loi).
Donc pour être clair, le "kokeicha" n'est pas un type de thé japonais, il n'est pas considéré comme un thé, mais seulement comme un additif ! Et pour répondre à la question, il ne peut donc par conséquent pas être considéré comme un de-mono.
Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle cela est vendu en occident de cette manière, en tant que tel... voilà quelque chose qui mériterai quelques recherches.
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Du même acabit, j'ai eu l'occasion de tester une infusion " Ama cha " vraiment extraordinaire, sucré, consommé à l'occasion des cérémonies religieuses, le Japan Buddha Ama Cha obtenue à partir de feuilles d'Hydrangea (variété d'hortensias).
RépondreSupprimerPuis retesté du " Gabaroncha " un thé travaillé en anaérobiose, riche en acide gamma-amino-butyrique, lutte contre l'HTA, le stress parait-il...
Florent aurais-tu des infos complémentaires sur ces breuvages ?
Merci pour ces précisions, j'ai gouté un Kokeicha que je n'ai pas aimé du tout: http://savourerlethe.blogspot.fr/2014/02/test-kokeicha-betjeman-barton.html .
RépondreSupprimerIl était âpre et pas du tout unami.