Cultivar Yamanami, kamairi et sencha

Je reviens sur ce très intéressant cépage qu'est Yamanami.
Ce cultivar très rare fut développé au centre de recherche de Miyazaki, et enregistré en 1965. Avec le département méridional de Miyazaki, vient en tête le kama-iri cha, et en effet, Yamanami est bien considéré comme destiné à ce type de thé à la production pour le moins confidentielle. Les cultivars à kama-iri cha sont peu nombreux (logique dans la mesure ou la production de kama-iri et peu importante) et la plupart furent développés à Miyazaki, comme Mine-kaori ou Unkai. Si c'est deux derniers ont la particularité de compter parmi leurs ancêtres une variété du Caucase, Yamanami fut pour sa part sélectionné à partir de graines provenant du Hubei en Chine.

Yamanami n'est pas franchement un cultivar "populaire", et le département de Miyazaki recommande même aux producteurs de l'abandonner au profit d'autres cépages. Il est vrai que ce n'est pas une variété évidente, il n'est pas aussi facile à appréhender que Mine-kaori, ou bien Minami-Sayaka pour citer un autre cultivar de Miyazaki. Pourtant, il est très caractéristique et j'ai dans l'idée qu'il pourrait être mieux exploité. Je dois avouer que lorsque j'ai commencé à le proposer sur Thés du Japon il y trois ou quatre ans, j'ai pensé à ne pas continuer à la proposer les années suivantes, pourtant, ce kama-iri cha Yamanami a vite trouvé ses fans.

Cette année je propose encore une fois le kama-iri cha de Takachiho, et le sencha de Koyu, sans aucun ombrage (alors que celui de l'an dernier était ombré une semaine), voulant voir de manière plus direct ce que Yamanami a dans le ventre en vert étuvé.

Le kama-iri est cette année vraiment intéressant, ou peut-être simplement que je l'apprécie de plus en plus. Certes, il n'est pas aussi "typique" que le Mine-kaori, mais il possède une grande profondeur.

Bien sûr, on y trouve le parfum dit "kama-ka" qui évoque la châtaigne grillée typique des kama-iri cha, mais pas de manière aussi frontale que dans le Mine-kaori par exemple. On y trouve des arômes plus frais, presque camphrés, mais aussi des arômes plus pâtissiers, du caramel, ou plutôt même un parfum de haricots sucrés azuki.

En bouche, Yamanami est assez fort, particulièrement pour un kama-iri cha. C'est pourquoi je proposerais en fait de l'infuser moins fort que les suggestions sur le sachet. On ressent une certaine amertume, pas désagréable, mais qui ne plaira pas à tout le monde. La tonalité camphrée apparaît plus nettement en bouche. L'after-taste lui, rappelle qu'il s'agit bien d'un kama-iri avec le retour des arômes de châtaigne grillée.

Ces arômes kama-ka typiques, semblent plus forts sur les infusions suivantes, avec même une impression cendrée. Néanmoins, le nez conserve cette sensation sucrée bien particulière.

Le sencha pour sa part n'est pas exactement ce que l'on peut appeler un "grand thé", c'est plutôt une entrée de gamme de bonne facture et particulièrement intéressante dans le sens où il permet d'apprécier Yamanami traité en sencha, en thé vert étuvé.

Au nez celui-ci semble plus simple, avec son parfum sucré.
En bouche en retrouve d'abord cette amertume qui semble bien être une particularité de ce cépage. On retrouve aussi en after cette sensation camphrée, qui se rapproche même d'un parfum d'aiguille de pin.
Une deuxième infusion donnera une liqueur moins incisive, où l'on ressentira mieux les arômes sucrés de caramel, presque vanillés.

La longueur en bouche de ce sencha est en revanche tout à fait exceptionnelle, avec une saveur sucrée qui tapisse le palais de manière gourmande.
Des infusions très chaudes et courtes me semblent être un bon choix pour apprécier ce thé.

Il va sans dire que ces thés cépages Yamanami ne plairont pas à tout le monde, qu'ils ne sont en effet pas les premiers thés à essayer parmi ma sélection. Ils donnent bien sûr aux connaisseurs une occasion de découvrir avec comparaison sencha / kama-iri un cultivar rare, mais aussi des alternatives très atypiques, particulièrement remarquables pour ceux qui aiment les thés très robustes, avec une amertume qui pourra charmer ceux qui aiment aussi le café.

Enfin, je reviens sur les cultivars sélectionnés au centre de recherche de Miyazaki, pour dire que c'est un lieu où l'on trouve beaucoup de cépages avec des caractéristiques fortes (comme à Saitama par ailleurs), avec plus récemment Nagomi-yutaka ou Harunonagomi. Mais aussi, c'est de Miyazaki que provient Kirari 31, le cultivar le plus en vu ces dernières années comme candidat à la succession de Yabukita, c'est à dire pour le coup un cépage sans caractéristiques fortes.

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