Sencha de Ryôgouchi
Tout
comme Ôhira, dont vous trouverez quelques thés sur Thés du Japon,
Ryôgouchi 両河内 est une localité dans les montagne du secteur de Shimizu
dépendant de la ville de Shizuoka. C'est une zone productrice de
thé, où les quelques producteurs restant, continuent à faire des
thés à l'étuvage dit standard ou léger, bref des sencha aux
feuilles entières.
Les
Katahira produisent près de 20 cultivars de théier. C'est
aujourd'hui le fils, Jirô, qui joue le rôle principal dans la
production, toujours épaulé par son père néanmoins (qui doit
surtout s'occuper je pense de l'entretiens des plantations). Jirô
montre un amour et une passion débordante pour le thé, et je compte
donc bien établir une relation durable avec les Katahira.
Un choix
fait pour la culture est d'entretenir chaque plantation de la même
manière. Selon Jirpo, cela permet de faire des comparaisons
pertinente entre les variétés de théiers. Auss, avec 20 de ces
cultivars en montagne, les quantités sont assez limitées, et il
n'est pas évident de pouvoir obtenir tout ce que l'on veut,
Katahira-san jouissant d'une réputation flatteuse. Cette année, en
voici quatre, Asatsuyu, Shizu-7132, Tsuyu-hikari, Kurasawa. Quatre sencha non-ombré par ailleurs.
Avec
Asatsuyu, le parfum des feuilles ne laisse aucun doute quant au
cultivar. Il s'agit bien de Asatsuyu, avec ses senteurs si
particulières de fève, certains évoqueraient même de la
charcuterie (attention, je remarque que bien souvent beaucoup semble
confondre les caractéristique de Asatsuyu avec celles des thés de
Kagoshima).
Tout
cela se retrouve dans le thé infusé, avec une liqueur très pleine
et ronde. Un pôle très végétal partage l'affiche avec un umami
fort, sans être trop envahissant non plus. Infusé à 80°C environ,
je n'y perçoit pour ainsi dire pas d'astringence dans ce sencha
puissant. L'after-taste offre une sensation sucrée intense, et ce
thé propose une belle longueur en bouche. C'est en tout cas pour moi
un bonheur de pouvoir profiter un Asatsuyu hors Kagoshima, avec de
belles feuilles.
Suite
logique, voici Shizu7132.
Les
feuilles sont très belles au première abord mais on y trouve plus
de brisures.
Les
caractéristiques sont apparaissent ici moins clairement. Je parle
évidemment du parfum typique et unique de Shizu7132, cette senteur
appelant l'odeur du « sakura-mochi », pâtisserie
japonaise aux arômes de feuille de cerisier saumurées. C'est un
arômes très doux et sucré, difficile à définir, j'y vois comme
une impression comparable aussi avec la frangipane, avec une pointe
acidulée (salée).
Ici,
comme souvent, 7132 semble apprécier plutôt les infusions tièdes
et lentes (en fait 7132 est toujours super à l'eau froide). Ainsi,
avec une proportion importante de feuilles, avec de l'eau à 60°C
pendant 100 s. Le résultat est un thé avec une première attaque
forte, suivie par ces arômes décrits plus haut propres à ce
cultivars, mais pas trop prononcés. On trouve un umami léger, une
pointe d'astringence, pour un ensemble de force moyenne, avec un
after léger mais très doux et sucré.
L’évolution
des saveurs entre chaque infusion est très nette, avec une liqueur
plus florale et épicée en deuxième infusion, et enfin plus
végétales et incisive en troisième infusion.
Les
arômes du cultivar restent toujours présents en arrière plan,
apparaissant plus fortement alors que la liqueur refroidie.
Voici
donc maintenant le fils, Tsuyu-hikari, cultivar bien plus majeur
aujourd'hui, issu du croisement de Asatsuyu et Shizu-7132.
C'est
aussi l'un des favoris de Katahira-san, ce sont des théiers
particulièrement plein de vitalité, donnant un thé très riche,
tendant tantôt vers Asatsuyu, tantôt vers Shizu7132.
Les
feuilles sont splendides, avec un délicieux parfum frais et sucré.
L'infusion
donne un thé plein mais très délicat. Aucune astringence, et un
umami subtil, s’accompagnant d'une impression douce et soyeuse. Les
arômes sont un peu fruités et floraux, et il me semble que l'on
tend plus vers 7132 ici. Cette impression semble plus forte dans le
parfum de le 2ème infusion, où l'on perçoit en filigrane ce parfum
de sakura-mochi, alors que la liqueur se fait très rafraîchissante.
Plus d'umami net, mais toujours aucune astringence, la liqueur
développe des saveurs fruitées légères. C'est très fluide dans
la gorge.
Tsuyu-hikari
est un cultivar qui, selon la région, le producteur, peut donner des
résultats très différents, toujours très bons, mais celui-ci, de
Ryôgouchi est probablement le plus subtil et délicat que j'ai pu
rencontrer jusqu'à présent. Cette subtilité n’empêche pas la
richesse, bien au contraire, elle met en valeur une multitudes
d'arômes.
Bien
qu'il s'agisse d'une famille différente, Kurasawa nous amène aussi
dans une histoire de parenté, puisqu'il s'agit, croisé avec
Kanaya-midori, du parent du très célèbre Kôshun.
Kurasawa faut aussi parti des cultivars de la célèbre "serie 7000", c'est à dire une serie de cultivars ddéveloppés après guerre au centre de recherche de Shizuoka à partir de graines de Yabukita (et donc de pères inconnus). Kurasawa est Shizu-7111. Les autres exemples célèbres sont Shizu-7166 (Yamakai) et bien sûr Shizu-7132 (qui ne fut jamais enregistré officiellement et n'a donc pas de nom défini).
Kurasawa faut aussi parti des cultivars de la célèbre "serie 7000", c'est à dire une serie de cultivars ddéveloppés après guerre au centre de recherche de Shizuoka à partir de graines de Yabukita (et donc de pères inconnus). Kurasawa est Shizu-7111. Les autres exemples célèbres sont Shizu-7166 (Yamakai) et bien sûr Shizu-7132 (qui ne fut jamais enregistré officiellement et n'a donc pas de nom défini).
Kurawasa
est particulièrement rare, c'est un cultivar mineur. Pourtant, ce
sencha Kurasawa de Ryôgouchi m'a apporté quelque chose que je
recherchais, un thé clairement astringent, mais très fin et
élégant. Celui-ci est exactement un exemple de thé où
l'astringence est délectable, elle n'est pas tannique, et
s'accompagne de riches arômes floraux, ayant un air de famille avec
ceux de Kôshun justement. Avec des paramètres d'infusion bien
dosés, cette astringence ne s'impose pas de manière brutale. La
liqueur reste soyeuse et fluide, très fraiche, avec un pointe de
douceur et d'umami en arrière-goût. Ce mélange
umami-fleur-astringence dans la longueur en bouche est simplement
formidable.
Bonjour Florent,
RépondreSupprimerJe me permets de vous contacter car je suis actuellement au Japon et j'ai eu l'occasion de goûter à plusieurs reprises dans des restaurants du thé vert qui me semblait être fumé. J'ai beaucoup aimé ce dernier et aimerait en acheter, pourriez-vous me dire quel est son nom ? J'ai parcouru votre blog rapidement mais il ne me semble pas avoir croisé ce dernier, ou alors s'agit-il du thé torréfié ? N'étant pas une experte dans la matière je préfère vous demander conseil.
Par avance merci de votre réponse,
Fanny
Bonjour Fanny
RépondreSupprimerUn thé vert fumé, je ne vois pas trop. Cela pourrait être un kyô-bancha, mais, à moins que vous ne soyez près de Kyoto, il y a peu de chance. Cela pourrait être simplement un hoji-cha mais ce n'est pas "fumé".