Thé semi fermenté japonais de Gokase, Minami Sayaka

Thé semi-fermenté (ou semi oxydé) thé wulong, thé bleu, appelez cela comme vous voudrez, en tous cas cela reste un type de process encore très rare au Japon, mais qui pourtant tend à se populariser petit à petit depuis quelques années. Les résultats sont très variables, on trouve de bonnes choses, et d'autres vraiment mauvaises, mais après tout, il en va de même avec le sencha. Les raisons de la multiplication de ce type de thé, comme pour les thés noirs, sont parfois bonnes parfois mauvaises. On fait des thés noirs ou wulong parce que le thé vert de ne se vend plus. Ainsi, avec des thés noirs ou wulong "nationaux" on étonne et attire une clientèle jeune. Cette raison basique est pour moi une "mauvaise". Mais certains fabriquent aussi se genre de thé avant tout par passion, pour l'étude aussi en quelque sorte. Cette raison est certainement meilleure, surtout quand le producteur reste conscient que ce ne sont pas ces thés qui sauveront le thé japonais. Fabriquer des thés que l'on fabrique déjà à l'étranger, mieux souvent, ne peut apporter grand chose au final à grande échelle. Produire ce type de thé tout en y imprimant des caractéristiques japonaises uniques est un enjeu important. J'ai l'impression que pour l'instant cette "personnalité" peut se trouver dans plus en plus de thés noirs, mais peut être un peu moins dans les thés sémi-fermentés. Comme toujours, les cultivars ont un rôle important à jouer. Quoiqu'il en soit on trouve de plus en plus de thés très intéressant, comme le prouvent deux ou trois thés "wulong" japonais primés lors des Nihoncha Awards 2015. Je regrette néanmoins que l'essentiel de ces thés semi fermentés japonais soit peu oxydés, peu fermentés, pour la plupart inspiré des baozhong taiwanais. Je dis cela, mais c'est précisement un thé de ce type que je présente aujourd'hui.

Il s'agit donc d'un thé de "style baozhong" de Gokase (département de Miyazaki) issu d'une culture bio par M. Miyazaki. Celui-ci est un spécialiste réputé des kama-iri cha (Minami Sayaka et Mine Kaori dispo sur Thés du Japon), mais s'essaie avec parfois beaucoup de succès dans des thés semi-fermentés, des thés noirs, voire même des thés blancs. Tous ces thés autres que les thés verts kama-iri cha sont fabriqués dans une usine différente. C'est une condition qui n'est pas anodine quand on veut se mettre sérieusement aux thés oxydés. En effet, la conception des usines japonaises (thés verts, étuvés et kama-iri cha) ne permet pas d'effectuer le flétrissement dans de bonne conditions, à cause de l'absence d'espace pour. Ainsi, une usine à part permet de créer de l'espace en repoussant les machines, moins importantes, sur les bords.


Miyazaki-san cultive de très nombreux cultivars, dont le fameux Minami Sayaka, qui semble se prêter incroyablement bien à tous types de thés. J'ai en même temps pu en gouter un autre, fait avec Takachiho, qui donne des parfums très floraux, très beau, très propre, mais manquant finalement de personnalité comparé au Minami Sayaka.

Une première brève infusion (les feuilles s'ouvrent très vite) donne tout de suite le ton, avec un parfum épais très gourmand, pâtissier, fruité et beurré. La petite pointe tannique en bouche disparait sur les infusions suivantes, donnant une impression générale assez limpide, jouant fortement sur les parfums et les arrières gouts. Les arômes fruités sont dominés par de la banane, de la mangue aussi peut être. Les deux ou trois infusions suivantes voient cette tendance se confirmer, alors que qu'ensuite, le côté patissier (fruit, beurre) disparaît au profit d'arômes plus légers, un peu floraux, épicés et vanillés.


Ce "baozhong japonais" n'est pas à comparer avec ses modèles tawainais sur la plan de la purété, mais il procure des sensations différentes, très fortes, vives, avec une richesse aromatique assez exceptionnelle, qui évolue à merveille sur chaque infusion.

Petit gaiwain Tokoname-yaki par Gafû, hon-shudei cuit en réduction.



Commentaires

Articles les plus consultés