Shizuoka 2015 : Tenryû

Les thés de montagnes de Shizuoka jouent un rôle important dans ma sélection, ils représentent un idéal personnel, des thés peu étuvés, non ombrés, produit sur des petites lignes, et maitrise technique très grande, etc.
On évoque souvent trois grandes régions productrices en montagne à Shizuoka, Hon.yama, puis, à l'ouest Kawane, et enfin plus à l'ouest, dépendant de la ville de Hamamatsu, Tenryû 天竜, s'étendant vers le nord le long de la rivière du même nom. C'est une région qui semble plus sauvage que Hon.yama, moins développée, les plantations y sont moins nombreuses encore, et peu visibles si on ne s'enfonce pas dans la montagne, car dans le passé, à cause de l'impétuosité de la rivière Tenryû, l'activité ne s'est pas développée directement sur ses rives, et s'est concentrée plus en hauteur à flanc de montagne.

Je présente cette année trois beaux sencha de Tenryû.


- Le premier est un thé bio, provenant de Misakubo, le secteur le plus au nord et en altitude des trois.


Il s'agit d'un Yabukita.
Les feuilles sont délicatement parfumées, évoquant le foin frais, avec des senteurs très douces.
Une infusion suffisamment chaude (je veux dire que qu'il n'est pas nécessaire d'utiliser une eau très tiédie genre 70°C, comme avec la plupart des ces sencha de montagne, 80-90°C me semble une zone plus intéressante) donnera une liqueur au parfum subtil et raffiné, avec des arômes de beurre sucré, de vanille de sable chaude. 


Ce sencha arrive en bouche avec délicatesse, avant de proposer des arômes de cuir et de bois, puis en ensemble plus floral et crémeux. On n'y trouve aucune astringence et cette liqueur est très soyeuse.
C'est en after que se développe naturellement de la douceur, un peu d'umami, toujours dans le raffinement.
Ce sencha joue vraiment à un très haut niveau. Il ne satisfera pas les amateurs d'umami sur-boosté, mais possède une pureté et un équilibre sans reproche.

 - Le second est un autre Yabukita, cultivé sans pesticide à Sakuma.


Les feuilles possèdent un parfum plus incisif, sucré, du à une torréfaction hi-ire plus forte, mais conserve cet agréable et naturel parfum de foin frais, ici plus doux et moelleux. 
Là encore, une infusion relativement chaude donnera une liqueur richement parfumée, évoquant cette fois le beurre cuit, le bonbon, bref quelque de plus sucré du en parti au hi-ire.


L'attaque est forte, et ce sencha possède bien plus de volume en bouche. En contre-parti, nous avons une texture légèrement tannique, une liqueur moins délicate. L'umami, bien que raisonnable, y est aussi plus net. Le hi-ire donne un ensemble plus dans le sucre, le fruité.
L'after est également très riche.
C'est un sencha franc et puissant.


- Le troisième thé est un cultivar Kôshun, venant lui de Tatsuyama, récolté manuellement.


Les feuilles ont ce parfum doux à la fois sucré et floral, frais, typique de Kôshun.
Avec ce cultivar, il n'y a pas à hésiter, l'eau doit être bien chaude.
On trouve ici un thé très aromatique, au parfum très riche, un peu minéral, floral et sucré.


La première attaque est vive mais pas agressive, avec une pointe très brève d'astrigence qui laisse place en bouche à une liqueur finalement assez aérienne, avec une minéralité qui révèle de puissants arômes en after taste. D'abord plutôt vert, cet after devient peu à peu très sucré et doux. On y trouve cette douceur fruité, propre au cultivar Kôshun, mais sans emphase.
L'after est le point d'orgue de ce sencha, avec une longueur remarquable. Les caractéristiques aromatiques de Kôshun restent néanmoins très sages.





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