Kama-iri cha de Amakusa
C'est
le 7ème kama-iri cha qui arrive dans ma sélection cette année.
Comme je l'ai déjà dit, j'aime beaucoup ce genre de thé vert
japonais, que l'on ne trouve presque que à Kyûshû. Rare et
méconnu, je m'efforce d'apporter dans toute petite pierre à
l'édifice pour le faire reconnaître un peu plus.
Bref,
voici là un thé de Sumoto sur l'île de Amakusa au sud du
département de Kumamoto, produit par M. Ihara. Il s'agit à vrai
dire d'un kama-iri cha qui fut bien placé lors du dernier concours
national. C'est lors des dégustations en décembre pour le vote du
public pour constituer le podium des Nihon-cha Awards (un nouveau
concours, basé sur des critères en principe différents de ceux des
concours officiels, au cours duquel furent sélectionnés 19 thés
parmi plus de 600, qui furent présenter au public pour vote final),
que j'ai pu goutter un thé de ce producteur, qui a beaucoup attirer
mon attention.
Les
critères des concours officiels ne rendent pas forcement que du bon
dans le cas des kama-iri cha. Qu'en est-il avec ce kama-iri cultivar Yabukita ?
Des
feuilles qu vert profond et brillant, très finement roulées. Avec
ce kama-iri cha de concours, on s'éloigne des feuilles plus grosses
vert clair,blanchâtre des kama-iri plus ''traditionnel''. Leur
parfum est extrêmement dense, très sucré avec quelque chose de
fruits mûrs et de cacao, sur un fond léger plus minéral.
C'est
un thé qui pourra donner beaucoup de douceur, une grande densité
d'arôme, c'est justement pourquoi je préfère ne pas trop descendre
la température, pour le traité comme un bon kama-iri cha, pas
forcement comme un thé de concours privilégiant la douceur. 80°C
donc, 1 minute (4g / 80ml).
Le
parfum qui se répand tout de suite avec force est clairement celui
d'un excellent kama-iri cha : dominantes de patates douces et
marrons grillés, douceur, et notes de fruits à coque en retrait,
discrètes mais qui apportent beaucoup de relief. Il y a aussi cet
aspect de tourbe qui apparaît lui aussi discrètement dans la tasse
(plus fortement dans la théière).
En
bouche, la première sensation est la douceur, suivi d'une vive mais
agréable astringence. Puis, se sont des saveurs plus aromatiques,
humus et tourbe, mais aussi patate douces grillées, qui semblent en
expression dans la bouche, la fosse nasale, la gorge. Le tout laisse
une agréable impression de douceur en bouche, on perçoit aussi
alors des notes vertes, qui me rappelles l'avocat, mais on pourrait
aussi y voir de l'asperge verte.
C'est
une liqueur complexe, puissante aussi.
Une
deuxième infusion, très courte, avec de l'eau à peine plus chaude,
donne une impression générale très proche, sans le petit pic
astringent, avec moins de douceur cependant, moins de parfum aussi,
mais toujours beaucoup de richesse aromatique en bouche, plus
rafraîchissant aussi. L'after me semble aussi alors plus rond, plus
agréable encore.
Eau
plus chaude pour une troisième infusion d'une 40aine de secondes.
On
retrouve plus de parfum, mais plus simple, plus vert, avec un quelque
chose de sucré et velouté qui rappelle un peu l'amande, un peu
floral aussi.
La
liqueur est maintenant plus légère. Un légère astringence se fait
sentir de nouveau, un brin d'amertume peut-être, mais très propre,
très désaltérant, glissant avec bonheur dans la gorge. Les arômes
très kama-iri d'humus et de marrons/patates douces grillés
(l'automne au Japon....) continuent à s'imposer. L'after se fait
maintenant un peu astringent.
C'est
une belle 3ème infusion.
En
conclusion, ce kama-iri cha ne tombe pas dans la catégorie des
kama-iri cha de concours sans personnalité, sans arômes de
kama-iri. Celui-ci est très riche et dense, complexe, et pourrait,
selon les paramètres de préparation, donner une liqueur un peu
lourde sur la 1ère infusion. Pourtant les infusions suivantes
montrent clairement la pureté de ce thé, l'équilibre de ses riches
arômes, renouant avec les qualités rafraîchissantes que j'apprécie
tant dans les kama-iri cha.
La
limpidité des ses arômes et saveurs est exceptionnelle, et que dire
du divin parfum des feuilles sèches !! Je ne m'en lasse pas.
A la recherche d'un nouveau Kama-iri cha à découvrir, je me laisse tenter par le lot de 2016 de celui-ci ! La description étant tout à fait alléchante :)
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