Laques de Echizen
Si
l'on fait exception des natsume, boites à usucha utilisées durant
la cérémonie du thé (ne sert pas à conserver), et peut-être
éventuellement des soucoupes, les laques sont un artisanat japonais
que l'on n'associe pas au thé. Pourtant, les tasses en laque sont
des objets splendides, chaleureux, dont l'association avec une
théière en terre peu donner un effet esthétique saisissant. Bien
sûr, pour le thé, la laque possède un très embarrassant défaut :
l'odeur. Si à froid l'odeur de laque disparaît en 24 heures,
remplie avec un liquide très chaude, une tasse en laque continuera à
sentir pendant longtemps. Il faut donc attendre plusieurs mois, voire
années, à utiliser son laque avec un thé glacé, des alcools avant
de pouvoir en profiter avec un thé chaud.
Malgré
cela j'avais envie depuis en fait bien longtemps de pouvoir présenter
cette série de tasses en laque de Echizen (département de Fukui)
pour les design moderne, leur finesse aussi.
La
conception d'une terre est généralement le fait d'un seul artisan,
parfois deux lorsque la terre est ensuite peinte. Mais pour un laque,
c'est bien souvent trois ou quatre artisans qui entrent tour à tour
en jeu. Un autre facteur important, le temps. Alors qu'il faut
beaucoup de temps entre chaque étapes, certaines de ces étapes
doivent en revanche être réalisées très rapidement, et avec la
laque et le bois, aucun repentir n'est possible.
D'abord,
la pièce de bois qui servira à tailler le cœur du laque doit
sécher pendant plusieurs mois. C'est alors que le premier artisan
entre en jeu, celui qui va tailler, raboter au tour la pièce de bois
brute. C'est un travaille d'une grande précision, qui commencer par
la fabrication de petit outils qui serviront à s'assurer de la forme
et des dimensions de l'objet. On commence par l'extérieur, puis on
creuse l’intérieur. Enfin, la pièce doit être parfaitement
lissée en vu de l'enduit à la laque. Les pièces de bois peuvent
être taillées si finement que la lumière passe au travers.
Par
ailleurs l'artisan forge lui-même ses outils, de manière à qu'ils
soient parfaitement adaptés à leur manière de travailler.
Ce
sera ensuite au tour de l'artisan suivant d'enduire la délicate
pièce de bois de plusieurs couches de laque intermédiaires. Pour
durcir le bois d'abord, puis pour préparer le terrain à la couche
supérieure. Parfois une pièce de tissu est préalablement appliquée
sur le bois pour le consolider.
Chose
surprenante, en tout cas moi ça m'a surpris, l'enduit de la couche
supérieure de laque est confiée à un artisan différent :
couches intermédiaires et couche supérieure sont deux spécialités
différentes !
Cette
couche supérieure de laque doit évidemment être uniforme et lisse.
Pourtant, ce n'est pas là le plus difficile. Les pièces enduites
prennent plusieurs heures pour sécher, il faut donc à intervalle
régulier les reprendre et en retirer les minuscules poussières qui
s'y dépose inévitablement. Une fois sèche, impossible à retirer,
et l'objet est alors invendable. C'est tout simplement un travail de
fou.
S'il
n'y a pas de décor peint maki-e à faire le travail est alors fini,
sinon, une fois complètement secs, ces laques sont confiés à
l'artisan maki-e. Il ne s'agit pas à proprement parler de peinture,
on trace la forme à la laque transparente, puis on saupoudre en
quelque sorte d'une poudre d'or, d'argent, ou autre selon la couleur
(ici la timing est très important, la poudre doit être déposée
juste avant que la laque ne sèche). Il est possible d'y ''peindre''
à peu près tout ce que l'on veut, seulement, chaque couleur, chaque
texture, chaque épaisseur fera l'objet d'un travail différent,
chacun demandant que le précédant ait parfaitement séché, en
sommes, 24 heures. Ainsi, plus le dessin est complexe, plus il
demandera de phases, donc de temps. L'artisan maki-e ne passe pas de
longues heures sur une œuvres, mais quelques dizaines de minutes
chaque jour, pendant une semaine, un mois, etc. Il travaille donc à
la fois sur un nombre très important d’œuvres. Pour fabriquer un
nombre important de maki-e identique, on peut utiliser des pochoirs
pour tracer les formes à la laque, ensuite, le reste du travail est
identique (c'est comme le moule en céramique, il n'a d'intérêt que
pour fabriquer un nombre important d'objets, et le travail reste de
toute façon manuel et délicat).
On
pourrait rajouter à ces taches celui du designer qui conçoit la
forme des œuvres.
Au
19ème siècle, alors que la Chine renvoyait l'image de la
porcelaine, le Japon renvoyait celui des laques. C'est un artisanat
très ancien, plus de 1500 ans dit-on, qui m'a d'abord intrigué,
puis touché, et qui mérité d'être sorti de l'unique cadre des
tables des auberges ryokan de luxe.
Les petites tasses ci-dessous sont des issus de techniques modernes, sur un coeur de bois et de résine sont appliquées des couches d'uréthane, qui à l'avantage de ne pas avoir d'odeur. L'effet de balayge doré serait impossible à obtenir avec de la laque. En revanche les motifs de fleurs sont eux de vrai maki-e à la laque, 'peints' à la main.
Les petites tasses ci-dessous sont des issus de techniques modernes, sur un coeur de bois et de résine sont appliquées des couches d'uréthane, qui à l'avantage de ne pas avoir d'odeur. L'effet de balayge doré serait impossible à obtenir avec de la laque. En revanche les motifs de fleurs sont eux de vrai maki-e à la laque, 'peints' à la main.
c est vraiment magnifique ! en esperant que ce bel artisanat
RépondreSupprimerpuisse perdurer au Japon