Le tamaryoku-cha 玉緑茶
Si
ce terme regroupe officiellement deux types de thé vert japonais, le
kama-iri sei tamaryoku-cha 釜炒り製玉緑茶
(communément appelé kama-iri cha) et le mushi-sei tamaryoku-cha 蒸し製玉緑茶,
lorsque l'on parle de ''tamaryoku-cha'' on fait référence au
deuxième, le ''mushi-sei'', c'est à dire celui dont l'oxydation des
feuilles après la cueillette est stoppée par étuvage, comme la
quasi-totalité des thés verts japonais (à l'exception justement du
kama-iri cha).
Le
tamaryoku-cha, ou guri-cha, a vu le jour au Japon dans
les années 1930 pour être exporté vers les pays musulmans. On
avait alors besoin de trouver de nouveaux marchés pour exporter du
thé après que l'occident ait commencé à bouder le sencha.
Or, dans le monde musulman, si l'on consomme beaucoup de thé vert,
on consomme du thé vert chinois, très différent du sencha, thé
vert étuvé, tant
dans la forme que dans les saveurs. Les infrastructures
(usines, ...) au Japon rendant impossible la production industrielle
de kama-iri cha, proche du thé vert chinois, il a fallu
concevoir un thé vert étuvé qui ressemble aux thés verts de type
''kama-iri''. Pour cela, on saute la dernière des phases de malaxage
appelée seijû, celle
qui donne au sencha sa forme caractéristique en forme
d'aiguille, et l'on ajoute une phase de séchage. Ainsi on obtient à
l'étuvée un thé vert japonais aux saveurs et à la forme se
rapprochant du kama-iri cha, que les négociants pourront
mélanger à des thés verts chinois.
Ce
type de thé est produit très largement en quantité jusque dans les
années 50 et l'effondrement de l'exportation du thé japonais.
Aujourd'hui,
le tamaryoku-cha, type étuvé et type kama-iri réunis,
ne représente environ que 3% de la production de thé japonais, ce
tamaryoku-cha étuvé dominant largement cette part.
La
production est largement concentrée sur Kyûshû et le département
de Saga en particulier (thé de Ureshino), mais la région de Izu à
Shizuoka, est également (très) relativement connue pour son
guri-cha. (A Shizuoka ce type de thé est parfois appelé yonkon, l'origine de mot n'est pas certaine, mais il pourrait s'agir d'une lecture déformée du mot chinois 洋行 qui aurait désigné le thé destiné à ''aller vers l'occident'')
De nos jours cependant, les caractéristiques du tamaryoku-cha ne sont pas toujours évidentes à saisir dans la mesure où la plupart, hormis la forme des feuilles, leur saveurs n'ont rien de bien différentes de celles du sencha.
De nos jours cependant, les caractéristiques du tamaryoku-cha ne sont pas toujours évidentes à saisir dans la mesure où la plupart, hormis la forme des feuilles, leur saveurs n'ont rien de bien différentes de celles du sencha.
Les
tendances du marché misant aujourd'hui tout sur la douceur ''umami''
et sur des thés à la liqueur très verte et trouble, la plupart des
tamaryoku-cha sont cultivés ombrés, puis étuvés à la
manière ''fukamushi''. Ainsi, on se rapproche des fukamushi
sencha que l'on trouve par exemple à Yame ou Kagoshima, bien
loin des tamaryoku-cha authentiques sensés se rapprocher des
kama-iri cha.
Un tamaryokucha ''authentique'' se rapprochant du kama-iri |
Un tamaryokucha ''moderne'', tendance standards concours |
Un tamaryokucha ''moderne'', tendance fukamushi |
Fabrication
- Étuvage – malaxage sojû – malaxage seijû – malaxage chûjû (grosso-modo, pas de différence majeure avec la ligne du sencha)
- séchage shiage-saikan 仕上再乾 : dans un tambour rotatif dans lequel de l'air chaud est envoyé.
Les
feuilles sont en frottement entre elles et exercent une pression les
unes sur les autres, se qui permet de leur donner leur forme.
(*
jusque dans les années 60 – 70, ont utilisait une machine à
tambour rotatif également mais fonctionnant pas chauffage direct de
la surface, appelée shimeiriki 締め炒り機
aujourd'hui encore
utilisée pour le kama-iri cha. Ce changement fut aussi à
l'origine d'une perte des parfums rappelant le kama-iri cha et
d'un rapprochement des arômes du sencha.)
- Séchage
Phase
demandant plus d'attention encore que pour le sencha, car de
par leur forme, les feuilles tendent plus à n'être séchés qu'en
surface conservant de l'humidité en leur cœur. (C'est aussi le cas
du kama-iri cha)
On
dit souvent que le tamaryoku-cha ne donne pas de liqueur
astringente même avec de l'eau très chaude. Je pense que cela est
loin d'être toujours le cas, s'il est vrai qu'un tamaryoku-cha
aux feuilles bien manufacturée libère ses arômes plus lentement
que le sencha.
D'une
manière générale donc, ce type de thé vert japonais peut être
préparer sur les mêmes bases qu'un sencha.
Cher Florent,
RépondreSupprimerAvec beaucoup d'admiration et d'intérêt j'ai pris connaissance de vosoi ecritures sur le blog. Bravo et merci! Vous faites un travail d'éclairage et de partage de savoir-vivre japonais, auquel je porte un grand intérêt depuis longtemps.
Vous possédez, peut-être, l'information que je peine à trouver en francais.
D'après mon expérience, le tamaryokucha dissout les calculs rénaux et, même, le tartre dentaire. Avez-vous quelques données ce concernant, au bien des connaissances empiriques?
Bien respectueusement,
Ioulia Iakoubova-Dubien.
ioulia.iakoubova@gmail.com
Bonjour à vous jolie Ioulia (from Michel H. bibliothécaire)
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimermerci pour votre commentaire.
Le tamaryokucha n'est guère différent des sencha, et il n'y a aucune raison qu'il ait une action particulière sur les calculs rénaux. Il y a au Japon beaucoup de recherche sur les aspects médicaux des molécules du thé mais je n'ai pas entendu parler d'effet de ce type pour le thé vert japonais.
Merci beaucoup pour votre diligente et aimable réponse. Je vais devoir chercher plus loin les liens des causes et des effets. �� Ces derniers se trouvant, fort probablement, dans les sensibilités et les particularités de la biochimie de chacun.
SupprimerVous souhaitant beaucoup de joie et de succès dans votre merveilleuse entreprise, qui contribue à la beauté et à l'harmonie du monde,
Respectueusement,
Ioulia Iakoubova-Dubien.