Shizuoka 2014, Ôhira
A
Shizuoka, l'arrondissement Shimizu (ancienne Ville de Shimizu) n'est
pas spécialement connu comme zone de production de thé, à part
peut être Ryôkouchi qui connait une très relative notoriété, et
le thé qui y est produit fini hélas bien souvent dans des blends.
Cette situation ne plaisait pas beaucoup à M. Yamamoto. Il produit
aujourd'hui avec beaucoup de soins des sencha à base de
plusieurs cultivars, qui ne seront pas mélangés bien sûr. Ses
plantations biologiques se situent à Ôhira, en amont de la rivière
Okitsu-gawa, à presque 500m d'altitude.
En voici
trois sur Thés du Japon.
Yabukita
Le
premier de ces trois thés est le classique cultivar Yabukita.
Ces
belles feuilles épaisses se présentent avec un puissant parfum
sucré, très agréable, qui dénote une torréfaction relativement
forte, mais très maîtrisée.
Après
une infusion d'une minute à 80°C environ, on obtient une liqueur
dotée d'un parfum tout aussi puissant, doux et sucré, un peu boisé.
En
bouche c'est tout aussi puissant. La liqueur a une très bonne
attaque. L'espace d'un instant on y ressent un pointe d'astringence,
mais qui s'efface de suite devant la douceur très naturelle de ce
thé. Les saveurs sont peut être simples, mais très équilibrées.
Pas de
lourdeur dans ce sencha malgré sa force.
Sur les
infusions suivantes, on ressent une petite montée dans
l'astringence, mais il est remarquable de voir comme le nez reste
puissant, avec ce parfum sucré et rustique.
Avec le
Yokowasa, le Ôkawa, et le Ushizuma de Hon.yama, voici là un 4ème
Yabukita de Shizuoka qui démontre donc lui aussi les qualités
d'harmonie et de force de ce cultivar.
Kanaya-midori
Avec ce cultivar Kanaya-midori, nous des feuilles au parfum plus subtil, mais
qui reste dans ce domaine de la douceur et de la torréfaction, un
peu plus faible cette fois néanmoins.
Après
infusion, en effet, le parfum n'est pas aussi intense qu'avec le
Yabukita, pourtant, avec ses notes florales et un peu beurrées au
dessous des odeurs de torréfaction, ce sont des arômes complexes et
profonds que nous donne ce thé.
Ce
sencha est doux, mais tout en étant très veloutée, avec en
fond des saveur un peu beurrées, la liqueur développe aussi en
bouche une pointe astringente, voire d'amertume très stimulante qui
lui donne beaucoup de profondeur.
Pourtant,
sur les infusions suivantes, l'astringence reste très sage, et ce
sencha conserve une rondeur gourmande, avec un parfum toujours
bien présent.
On a un
très intense retour sucré en bouche, avec une très bonne longueur.
Ce
Kanaya-midori se laisse apprécier sur la durée. Ses arômes sont
complexe et évoluent entre la première gorgée et l'évolution de
l'after-taste dans la longueur.
Oku-yutaka
Il me
semble que cet Oku-yutaka est celui qui joue le plus sur la rondeur,
la douceur.
Le
parfum de la liqueur est aussi plus discret et un petit coup de nez
dans la théière nous donne un concentré plus fort de douceur, un
peu de végétal, de tomate aussi (?!).
Nous
sommes évidemment loin de la soupe d'acides aminés, mais on ressent
dans la liqueur plus de cette douceur umami,
et pas un poil d'astringence ni d'amertume. Ce sencha est donc
dominé par la douceur, mais d'une façon calme, aérienne, sans
agressivité, la liqueur coule de la manière la plus fluide en
bouche, y laissant un after léger, mais long.
Une
deuxième infusion plus chaude donne plus de punch à ces feuilles,
en ajoutant à la douceur un peu estompée une fraîcheur vivifiante
qui se développe en continue dans la bouche et la gorge aussi cette
fois pendant plusieurs minutes. On gagne en profondeur.
Ce
sencha Oku-yutaka est probablement le plus facile d'accès des
trois, avec une première infusion très ronde, soyeuse, qui pourrait
un peu laisser sur leur faim les amateurs de liqueurs punchy.
Pourtant, 2ème et 3ème infusions apportent complexité et
profondeur, comme ci de nouvelles dimensions venaient s'y ajouter.
Ce n'est
pas seulement leur variété de saveurs qui distinguent ces trois
sencha/cultivars, fabriqués par le même producteur, mais aussi leur
façon de s'exprimer.
Voici
comment je les perçois :
Yabukita :
nez et bouche
Kanaya-midori :
nez et gorge
Oku-yutaka :
bouche et gorge
Excellent! J'étais là bas il y a peu. Peut-être connais-tu Stéphane Danton? Il commercialise du thé venant de cette région que j'ai eu le plaisir de découvrir un jour d'orage :)
RépondreSupprimerMerci.
RépondreSupprimerStéphane Danton vend du thé de Ôhira ?