Sélection de sencha de Yame 2014
Voilà
bien longtemps que je n'ai eu le temps de m'affairer à mon blog. Je
dois dire que cette fin de saison du shincha 2014 fut (et sera
en encore!) riche en nouveautés. La sélection 2014 Thés du Japon
n'est pas encore achevée, et il reste encore nombre de choses à
venir.
En
attendant, parmi les nouveautés cette année, une sélection plus
riche de sencha de Yame. Quatre sencha, deux yabukita,
et deux cultivars différents. Je suis heureux de pouvoir mettre en
avant un peu plus cette région, relativement connue, mais dont
finalement peu de boutiques offrent une sélection vraiment large.
En
fait, même si le nom de Yame, est connu, le département de Fukuoka,
moteur économique de l'île de Kyûshû, reste une très petite
région productrice de thé en comparaison de Shizuoka ou Kagoshima,
et même de régions méconnues comme Mie ou Miyazaki. Le thé n'y
est cultivé que dans l'aire restreinte correspondant à la ville de
Yame et au district de Yame. Il y a par ailleurs au Japon beaucoup
plus de thé vendu comme thé de Yame que de thé produit à
Yame......
Si
l'on produit du thé sur toute l'île de Kyûshû, Yame reste de loin
l'appellation la plus connue, encore loin devant le géant Kagoshima.
Il y a aussi une réputation de qualité.
Yame
produit environ la moitié du gyokuro
à l’échelle nationale, devant Uji (Kyôto). Mais ce fait est
étrangement peu connu, et finalement c'est pour son fukamushi
sencha que Yame est connu. En plaine comme en montagne, le
fukamushi règne en maître, souvent ombré d'ailleurs. Et
comme partout ailleurs, c'est en général le thé de plaine qui part
aux meilleurs prix sur les marchés. Non pas qu'il soit meilleurs,
non, c'est seulement qu'il arrivent plus vite. Pourtant, dans ces
secteurs de montagnes de Yame (Jôyô, Hoshino, Kuroki, Yabe, etc) ce
n'est pas la ferveur qui manque. Par ailleurs, on trouve à Yame
nombre de jeunes producteurs.
En
début du mois d'avril, j'ai pu me rendre à Yame, à Jôyô et
Hoshino plus exactement. J'y ai rencontré M. Kuma, qui produit le
Oku-yutaka de Yame que je propose cette année.
Ci-dessus, M. Kuma et ses plantations à Jôyô |
Paysage à Hoshino |
Sencha
de Yame, commune de Hirokawa, cultivar Yabukita
Celui-ci
est l'entrée de gamme de ma petite sélection de sencha de Yame.
C'est
un thé qui m'a charmé par son caractère. En effet, il possède un
parfum particulièrement intense, avec ces notes chocolatés et
douces typiques, mais aussi de vieux bois, et d'herbes aromatiques,
surtout sur une deuxième infusion.
Ce
parfum fort n'est pas trompeur, puisque la liqueur possède elle
aussi une attaque bien puissance en bouche. Arômes vanillés et
légère astringence. Ce thé offre aussi une longueur en bouche tout
à fait satisfaisante.
Il
y a quelque chose d'un peu typé et sauvage.
Sencha
de Yame, commune de Jôyô, cultivar Yabukita
Celui-ci
est peut-être moins surprenant, mais c'est un très bon sencha de
Yame, avec lui aussi beaucoup de puissance.
Les
premiers parfums qui apparaissent dès la verse du thé ne déçoivent
pas. Très classieuses, des senteurs chocolatées, vanillées, avec
de la noisette grillée. Puis en bouche, on a une liqueur très
douce, un peu épaisse, où se retrouvent ces saveurs gourmandes. En
même temps, il y a des notes vertes de type haricot, qui apportent
comme de la fraîcheur au sein de toute cette puissance d'arômes.
Sencha
de Yame, commune de Jôyô, cultivar Oku-yutaka
M.
Kuma est un jeune producteur d'une trentaine d'année. Il cultive
aussi en agriculture à pesticides et engrais réduits, Sae-midori,
Yabukita, et Oku-hikari.
Oku-yutaka
est un cultivar tardif (comme tous les cultivars dont le nom commence
par « oku ») qui connaît pas mal de succès aujourd'hui
et ce dans nombre de régions productrices.
Encore
une fois, nous avons un thé fortement parfumé. Ses senteurs sont
très douces, mais plus délicates et subtiles, en comparaison des
Yabukita précédents. Une sorte d'équilibre qui se transmet à la
liqueur, douce, velouté, plus aérienne en comparaison des deux
premiers sencha.
L'aftertaste
est plus discret, mais très long, avec de très agréables arômes
de fruits jaunes, de pêche notamment.
Bref,
là encore beaucoup de force, mais ce sencha ne prend pas d'assaut
nos papilles comme les précédents, il arrive plus calmement, mais
s'impose finalement aussi de manière nette.
Sencha
de Yame, commune de Hirokawa, cultivar Tsuyu-hikari
J'ai
déjà présenté d'autres Tsuyu-hikari, ce croisement de Asatsuyu et
de Shizu7132. C'est un cultivar relativement typé.
Le
parfum de celui-ci est assez déroutant au départ. Il y a un quelque
chose de cendré, puis des arômes fruités, de fruits mures.
Toujours et encore, il y a beaucoup de puissance dans ce sencha,
aussi bien son parfum que dans sa liqueur, où se mêlent avec
complexité nombres de saveurs sucrées, fruits et fleurs, touches
vertes aussi, sur un fond de petite astringence.
Nous
avons là un thé à la personnalité marquée, bien diffèrent des
trois autres, mais en même, si l'on sort de toute tentative de
comparaison en buvant ce thé, il ne fait aucun doute qu'il s'agit
bien d'un thé de Yame.
Tous
avec leur caractéristiques propres, chacun de ces quatre sencha
représentent et font honneur au terroir de Yame, mettant en avant
ses particularités : des fukamushi au parfum
particulièrement bien présent ; de la puissance, c'est à dire
pas seulement une liqueur forte, mais un riche aftertaste, et
de la longueur en bouche ; enfin, de la douceur, mais de la
« douceatreté » plate d'une soupe d'acides aminés, il s'agit d'une
douceur stimulante avec du relief et du caractère.
"Il y a par ailleurs au Japon beaucoup plus de thé vendu comme thé de Yame que de thé produit à Yame......"
RépondreSupprimerBonjour, est-il possible d'avoir des informations sur cette phrase ? Comment un thé peut-il être vendu en tant que thé de telle ou telle région sans forcement y être produit ? Merci
Bonjour,
RépondreSupprimerCela signifie que des "thés de Yame", peuvent être des blends contenant aussi du d'autre en provenance d'autre régions de production comme Kagoshima ou la production est bien plus importante. Néanmoins, je ne pense pas aujourd'hui que cela soit si important, mis à part peut être pour des sencha très bons marchés, par exemple mis en vente très dans les supermarchés au moment du thé nouveau.