J'ai eu l'honneur en février de participer à un évènement autour de la céramique Bizen-yaki organisé dans la boutique The Cover Nippon au centre Tôkyô Midtown de Roppongi.
L'espace d'un week-end, diverses "chakai" 茶会, réunions de thé, étaient données en deux endroits de la boutique, utilisant des objets Bizen-yaki. Des séances traditionnelles, cérémonies du thé, et des séances modernes, aux thèmes très variés. Thé noir, café, et même crème glacée, une très célèbre marque de glace, H., ayant commandé à un artiste de Bizen une coupe permettant juste de mettre un pot de crème glacée, qui, profitant des capacité thermiques des Bizen, permet de ralentir considérablement la "fonte" du desert glacé.
Hiruma Yoshiaki faisait aussi parti de l'évènement où il servait pour sa part du temomi-cha.
Quant à moi, je devais justifier ma présence en tant que Français, et ai donc organisé trois séances "French-Japanese chakai". Concept simpliste, remplacer les habituelles pâtisseries japonaises (de toute façon prévues originellement pour le matcha, trop lourdes et sucrées pour le sencha) par des douceurs françaises.
Seulement 25 minutes par séances, donc je me suis limité à 2 thés:
- Sencha de Tawaramine cultivar Kanaya-midori servi avec des galettes bretonne de la Mère P., mariage du beurre des galettes avec les saveurs beurrées du cultivar.
- Hôji-cha de Hon.yama avec un carré de chocolat noir m'inspirant de ce qui ce fait souvent dans les restaurants en France avec le café (je remercie par ailleurs La Maison du Chocolat Tôkyô pour m'avoir à titre très exceptionnel fourni un de leurs excellents produits).
Cet évènement fut aussi l'occasion de rencontres avec les artistes. J'y ai notamment fait la connaissance de Nobuhara Katsushi, certifié artisan traditionnel. Deux semaines plus tard, me voilà à Bizen (dep. de Okayama), plus exactement à Inbe 伊部, centre historique de cette céramique.
La céramique Bizen-yaki est considérée comme une évolution des techniques des céramiques dites "sueki" 須恵器 de l'époque de Kofun (250 - 538), mais
l'on fait remonter son origine en tant que Bizen-yaki à l'époque de Heian (794 - 1191), où des céramiques à usage quotidien utilitaire comme des bols, assiettes ou des tuiles
sont fabriquées au pied du mont
Kuma.
À cette époque, on effectue la cuisson en réduction.
Dès l'époque de Kamakura (1192 - 1333), diverses jarres et récipients constituent le gros de la production. On utilise de la
terre extraite des montagnes alentours. A partir de la seconde moitié de l'époque de Kamakura, on
passe à une cuisson en oxydation, et les objets
prennent alors leur teinte brune/rouge caractéristique.
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Dans la montagne, de là où l'on extrayait alors la glaise, les vestiges d'un four "noborigama" de la fin de l'époque de Heian. On se servait de l'inclinaison naturel du sol. |
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L'un des innombrables fragments de poterie qui jonchent le sol de ces montagnes. Fin de Heian ou début Kamakura, cuisson en réduction. Il est bien sûr interdit de ramener ces traces de l'histoire. |
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Fragments de poterie superposés. On procédait ainsi pour caler à l'horizontal les poteries qui cuisaient des ces fours construits en pente. |
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Comme de la tuile qui aurait fondu. Il s'agit d'un morceau du plafond d'un four. |
Durant l'époque de Muromachi (1336 - 1573), on commence à utiliser la terre qui se trouve sous les rizière de Inbe, que l'on appelle "iyose". La cuisson est alors
toujours effectuée dans de grands
fours noborigama à moitié creusés dans le sol.
C'est durant l'époque d'Edo (1603 - 1868) que l'on commence à construire des fours plus petits, à usage individuel, mais aussi de grands fours communs.
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L'un des quatre fours gigantesques retrouvés à Inbe. Près de 50m de long pour une largeur de plus de 4,5m. Époque de Muromachi. |
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Les espèces de monticule au milieu sont les traces de piliers nécessaires à soutenir de toit de cette gigantesque structure. |
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Dans le musée archéologique de la ville, un reste de ce qui devait être un pilier des fours géants. |
En plus de la vaisselle et des
accessoires pour le thé que l'on commence à fabriqué depuis l'époque de Muromachi, on fabrique aussi divers objets décoratifs.
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En lisière de la ville, a proximité des rizières où l'on trouve la terre "iyose", on trouve donc des fragments de poteries beaucoup plus récentes, de l’époque d'Edo à l'ère Meiji probablement. |
Si les grands fours continuent à fonctionner jusqu'à la fin de l'époque d'Edo, la production Bizen ne cesse de baisser devant le succès des porcelaines de Kyôto ou Arita.
A l'ère Shôwa (1926 - 1989) grâce aux efforts du potier Kaneshige Tôyô 金重陶陽 (1896 - 1967), la céramique de Bizen a retrouver sa splendeur et pu survivre jusqu'à nous.
Dans le prochain article je présenterai le travail de Nobuhara Katsushi.
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