La ville de Iruma, son musée, son thé

Il y a quelques jours, je me suis rendu à Iruma et à son Musée, guidé par Umezu Azusa, l'une des conservatrices, également Japanese Tea Instructor.

Situé dans le département de Saitama au nord de Tokyo, le Musée Municipal de la Ville de Iruma (nommé également ALIT pour Art Archives, Library, Information, Tea) a ouvert ses portes en 1994. Il présente l'histoire de cette ville et de son site, ses traditions, son patrimoine culturel et naturel.
Le site est habité depuis des millénaires. On y a retrouvé des poteries de l'époque de Jômon (de - 1000 à - 300), mais pas de la période suivante, Yayoi (de - 400 à 250). En effet, Yayoi est la période de l’essor de la riziculture au Japon, or, le terrain, un plateau forgé par des rivières, rend impossible la riziculture, cela, suppose-t-on, expliquerait l'absence de trace d'habitat durant Yayoi. En effet, aujourd'hui encore, point de riziculture à Iruma, mais la culture du théier y est très importante. Ce plateau accueille la moitié de la surface cultivée en thé de la ville de Iruma, qui elle même représente la moitié de la production de thé du département de Saitama (thé de Sayama).

Pendant longtemps, cette zone a vu fleurir les cultures de légumes, de mûriers pour la sériciculture, mais aussi de thé, souvent sous forme de haies pour délimiter les champs et consolider ce terrain instable composé de cendres volcaniques. Le thé de toute la région du nord-ouest de Edo (ancien nom de Tôkyô) était connu sous le nom de thé de Musashino.
C'est alors que se développe au Japon l'industrie du thé en tant que produit d'exportation durant l'époque de Meiji, que le thé devient à Iruma entre autre presque une monoculture.
Handa Buhei (1867 - 1940) est l'un des grands hommes de la région. Banquiers et industriels du thé, ce serait les Handa qui auraient lancé l'appellation de Sayama-cha (Sayama est une commune voisine de Iruma) à destination de l'exportation. Aussi, Handa Buhei a fondé la Société de Sayama dans le but de faire de l'export direct sans passer par l'intermédiaire des négociants étrangers installés à Shimizu et Yokohama. Cette entreprise fut un échec mais elle aurait, suppose-t-on, imposé le terme de "thé de Sayama" pour le thé de la région de l'actuel département de Saitama, en remplacement de "thé de Musashino".

Ainsi, le Musée Municipale de Iruma abrite une très importante collection d'ouvrages sur le thé, mais aussi une salle réservée au thé, dite Musée du Thé. Il ne présente pas seulement le thé japonais, mais les thés du monde entier, de manière simple et didactique. Reconstitution d'intérieurs, présentation des différents types de thé, explication sur le fait qu'ils proviennent tous du même arbre (chose que nombre de japonais ignorent !), etc. On y trouve d'intéressants objets occidentaux pour le thé, les premiers à avoir été fabriqués, imitant des objets chinois. 

Bien sûr les différents types de thés japonais et leurs origines sont présentés, de même que des exemples de rares bancha régionaux.
On peut observer des antiques "kyûsu" de l'époque d'Edo, alors que le thé en feuille vient de faire son apparition et connait un grand succès chez les lettrés. Par exemple cette drôle de théière qui aurait appartenu et été fabriquée par l'écrivain Ueda Akinari (1734 -1809) auteur des Contes de la Lune et de la Pluie. 

A l'extérieur, un café permet de déguster du thé accompagné de pâtisseries japonaises. Une salle de thé pour la cérémonie du thé est aussi installée dans le jardin.
Enfin, le Musée organise nombre d’évènements, séminaires, ainsi qu'un cursus de cours sur le thé appelé "Université du Thé".

Ce musée se montrera très riches d'enseignements pour les débutants en thé, mais on ne peut que déplorer son accès difficile, et l'absence complète de toute explication dans une langue autre que le japonais.

Iruma est le plus important centre de production du "thé de Sayama", et ce sont des hectares de plantations qui s'étendent sur ce plateau.

En ce 14 mars nombre d'arbustes voient leur feuilles rougies victimes du froid et de la sécheresse historique de cet hiver au Japon, surtout dans cette région naturellement difficile pour la culture du thé, très septentrionale et privée de la douce influence de l'océan. Heureusement, il reste deux mois avant la récolte à Saitama, et les arbres auront le temps de se refaire une santé. 

Ce fut pour moi l'occasion d'une rencontre avec Monsieur Hiruma Yoshiaki dont les plantations et la petite usine se situent non loin du Musée. Ci-dessous, le cultivar Hokumei, naturellement très résistant au froid, complétement épargné par les dégâts grâce à la couverture.

Accès au ALIT
30 à 40 min en train, ligne Seibu Ikebukuro, à partir de Ikebukuro, arrêt à la station Iruma-shi,
puis 20 min de bus à partir de la gare de Iruma-shi, quai 2, direction "Iruma-shi Hakubutsu-kan" descente à l'arrêt "Iruma-shi Hakubutsu-kan", 
ou direction "Nihongi jizô mae" ou "Hakonegasaki", descente à l'arrêt "Nihongi". 

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9h à 17h.
Entrée collection permanente:
Adulte 200 JPY
Étudiant et lycéen 100 JPY
École primaire et collégien, 50 JPY

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