Thés noirs de Sayama, été et automne 2010

Deux thés de ma sélection de thés noirs japonais pour Thés du Japon. Deux thés en provenance du département de Saitama, deux produits de Monsieur Hiruma Yoshiaki. Dans son grand ensemble, la production de thé noir au Japon est constituée de produits faconnés à la manière Assam, mais Hiruma-san s'inspire plutôt des techniques chinoises, tawanaises même, puisqu'il effectue très régulièrement des voyages d'études sur l'île de Formose (interview de Hiruma Yoshiaki).

Le premier est un thé issu de la récolte d'été 2010. Le cultivar est le classique de Saitama: Sayama-kaori.

Les feuilles présentent un joli mélange de noir et de jaune/brun, et dégagent un appétissant parfum. Elles sont bien entières, de taille importante, entortillées avec art, elles portent un léger duvet.

Je ne suis de base pas tellement fan d'infusions multiples courtes pour les thés noirs, mais ce thé (comme le suivant d'ailleurs) s'y prêtent fort bien, et quoi de plus merveilleux que la diversité des plaisirs que nous offre le thé ?

Dans un gaiwan de 80 ml, j'utilise 4g, dosage relativement important, mais promesse de riches saveurs. Je commence avec une eau un peu refroidie, pour un peu plus de 30 s.

Belle liqueur dorée/orangée. Celle-ci offre un parfum sucré et épicé. On ressent comme en arrière plan une grande complexité qui devrait s'affirmer ensuite.
A ce niveau, ce thé nous propose une saveur douce, légère.




Avec la deuxième infusion, environ 1 minute, la liqueur tourne vers un orange plus vif et lumineux.
Alors, le parfum s'affirme en un bouquet de miel et de fruits mûrs (petit quelque chose de Porto), qui se confirment dans la saveur, toujours très douce de ce Sayama-kaori.



Avec la troisième infusion (presque 1min 45, eau très chaude) nous sommes dans la continuité. Alors qu'apparaissent de manière plus nette des notes poivrées, la douceur s’amoindrir, laissant un peu de place pour une astringence très légère.
La couleur de la liqueur tourne de plus en plus foncée, le orangé tourne vers le brun. Par ailleurs cela est une tendance de Sayama-kaori que de tourner facilement vers le brunâtre, petite manie qui gêne lorsque l'on parle de thé vert (sencha en particulier)

Les feuilles bien ouvertes sont très agréables à l’œil, un peu épaisses et rigides.

Le second thé est confectionné à partir du cultivar Oku-musashi (encore un "made in Saitama"), cueilli à la main en automne 2010.
Feuilles cette fois ci noires, fermement entortillées.
Je pratique là encore avec une bonne dose, d'une manière équivalente que pour le thé précédent.
La liqueur est cette fois rouge-orangée, tournant vers un beau rouge lumineux sur les infusions suivantes.

Il me semble que ce thé propose un concentré de saveurs et de fragrances dense et complexe, et surtout relativement constant d'une infusion à l'autre.

Le parfum est très abondant, nettement dans le fruit mûr, sec, pruneau, figue, raison. Il y a quelque chose de caramélisé dans ces douces senteurs.
En bouche, ce thé offre quelque de très différent de Sayama-kaori, avec des saveurs de fleurs sucrées accompagnées de notes rappelant la pêche être. Cela me semble une composante propre à ce cultivar Oku-musashi, car c'est finalement un goût qui se trouve dans le même registre que le thé noir de Oîta, fabriqué avec ce même cultivar, mais d'une façon pourtant très différente.
Douceur certes, mais aussi astringence de ce thé plutôt tannique, en particulier sur les 2ème et 3ème infusions. Cela n'est bien sûr pas sans relation avec le fait qu'il s'agit d'une récolte d'automne. Mais loin d'être commun, il s'agit d'un thé riche et vigoureux, alors que le Sayama-kaori propose plus de finesse et de subtilités. Aussi, Oku-musashi se contenterai très bien d'une préparation un peu plus soft.

Enfin, tous deux sont des thés noirs japonais tout à fait originaux, qui se démarquent parfaitement du gros de la production, seul leur douceur générale reste une caractéristique typique des thés noirs du Japon, mais ici parfaitement exploitée par ce formidable artiste qu'est Hiruma Yoshiaki. Pour faire les difficiles, on pourrait souhaiter un peu plus de longueur en bouche.


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